samedi 15 mai 2010

Défaut de liberté, de la liberté comme défaut

Nous polémiquons sur la liberté d'expression. Nous nous battons pour la défendre, la conquérir, la reconquérir.
Or ce qui dérange réellement dans notre pays, ce qui dérange dans notre société, ce n'est pas la liberté d'expression; c'est l'expression de la liberté.

Être libre dans sa tête est pour les autres le défaut le plus redoutable car il remet en question leur soumission à ce qu'ils n'ont pas choisi.
Si la religion est la culture de l'inculte et son évidence l'argument du faible, la morale, sans être religieuse (si une telle morale existe) est tout autant le refuge de la raison paresseuse.

Certains s'en affranchissent par la provocation, le rejet de toute morale. Mais exister par la négative revient à exister de la même façon. La morale étant pour moi une sorte de valeur absolue, au sens mathématique du terme. Quelque soit le signe que l'on appose devant la morale, que l'on y accole un grand "plus" arrogant et têtu ou un grand "moins "aussi arrogant et têtu, le résultat est le même, on s'enferme dans la morale.
Le plus dur est très certainement de lever les barres de la valeur absolue, transcender la morale absolue comme valeur de vie et aller dans la réflexion. Se construire, déconstruire les barres de la morale, s'affranchir du plus et du moins, cesser de naviguer vers plus l'infini ou moins l'infini se résorber dans l'essence de soi, découvrir qui l'on est et révéler ce qui pour soi est valeur.
Ne plus bouger dans le monde des autres mais bouger son propre monde à travers les infinis trous noirs que sont les autres, qu'est le monde, que sont les âmes qui nous entourent, ces amas d'espace-temps qui s'accrochent aux barres verticales de la valeur absolue afin que le vent de la pensée ne les emporte pas, le vent de la liberté.

Liberté de pensée, liberté de ne pas mentir, de ne pas être hypocrite, de ne pas jouer le jeu de la complaisance.

Ce grand défaut qu'on appelle Liberté.
Ce beau défaut, qu'on appelle Liberté.


Et le reste est littérature.

2 commentaires:

  1. En physique pour pouvoir raisonner il faut un repère. Un repère est indispensable mais c'est juste un repère.
    La morale on ne peut pas la mettre de côté sans tomber dans la paresse intellectuelle. La mettre entre parenthèse mais pas de côté.
    A un jeune je dirais qu'il gagne à vivre les contradictions entre la morale qu'on lui inculque et la pensée qu'il se forge.
    Tant qu'il a pour but sa vérité, sans complaisance.

    l'important est de garder vif le feu de l'esprit et de la réflexion, une certaine modération pour se démêler des filets et des attaches. Il faut une certaine patiente et de l'humilité pour rester ouvert et réceptif.

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  2. De l'humilité, surtout, oui, je suis d'accord.

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