lundi 31 mai 2010

Routines

- Tu es musulmane?
- Euh?
- Tu es musulmane oui ou non?
- J'en sais rien, oui!
- Alors pourquoi sur Facebook tu n'as pas mis que tu étais musulmane? Je n'ai pas aimé ce que tu as mis, cette histoire de liberté ou je sais pas quoi.

C'était le début de la conversation.

- Tu crois en Dieu? tu crois en son prophète, tu crois en ses livres?
- Oui!
- Comment tu pries?
- Hein?
- Comment tu pries?
- Ben je sais pas, ça dépend où je suis et ce que je fais. Debout, assise, penchée, dans mon lit.
- Tu ne peux pas prier comme bon te semble! ce n'est pas ça la prière! tu dois prier exactement comme tout le monde, sinon tu n'es pas musulmane!
- ah bon? C'est une question de forme? de gestuelle?
- Oui! Le Prophète a appris aux gens une seule façon de prier, tu ne pries pas comme il l'a appris, tu n'es pas musulmane! Tu ne te rends pas compte à quel point tu es à coté de la plaque! J'espère qu'un jour tu t'en rendras compte et que tu reviendras vers le droit chemin.

C'était la fin de la conversation.

Pendant ce temps, une flotte, Free Gaza, se dirigeait vers Gaza, chargée de vivres, chargée de vies.
A bord de la flotte des militants, musulmans et non musulmans. Ils priaient, ensemble. Je ne sais pas quelle gestuelle ils avaient adoptée, je ne sais pas si celui ou celle qui priait allongé dans son couchage au moment où les israéliens leur tiraient dessus peut être considéré ou non comme étant un vrai musulman. Vous savez, chez nous la religion c'est une affaire de routine, adoptez les bons gestes sans adopter de réflexion, ni d'action.
La flotte a été attaquée par les soldats israéliens qui auraient été "obligés" de se défendre contre ces gens très dangereux sans armes et qui se battent à mains nues. Le courageux soldat israélien est descendu par hélicoptère au beau milieu de la nuit et a tiré sur des gens endormis.
Ils ont annoncé que la flotte avait fait preuve de résistance de type "terroriste" et qu'il fallait que les pauvres soldats israéliens se défendent.

Routine médiatique.

Nos chaines, évangélistes coraniques, nos chères chaines qui endorment les cerveaux de nos peuples vont dire que ceux qui sont morts sont des martyrs "chouhada" et au lieu de condamner Israël, les téléspectateurs vont envier le sort des personnes mortes.
Enfin, comprenons-nous bien, seuls les musulmans qui font la prière et qui la font de la façon dont tout le monde la fait, c'est à dire avec les bons gestes, la bonne position des mains, la bonne posture, seuls ceux-là sont des martyrs. Ben oui, parce que les autres ce sont juste des pas-musulmans qui sont allés se faire tuer pour défendre un peuple meurtri.

Routines
La routine, nous apprend la sécurité routière est mère des accidents.
La routine tue les couples.
La routine nous pousse à accomplir les mêmes actes sans jamais y réfléchir.
La routine nous installe dans un schéma de vie où notre faculté de pensée est annihilée.

Et si l'on est en dehors de la routine, on est en dehors de l'acceptable, du béni, de l'admis.
Nous sommes passés à un niveau d'intolérance et de connerie tel que maintenant ce n'est plus le refus de l'autre dans ce qu'il est,
ni dans ce qu'il pense,
ni dans ce qu'il croit,
mais dans ce qu'il ne fait pas comme nous.

Voir les palestiniens mourir, c'est la routine.
Dénoncer Israël c'est la routine.

La mort comme routine.
La bêtise comme routine.
La lâcheté comme routine.

Dieu comme routine.

Et le reste est littérature.




samedi 15 mai 2010

Défaut de liberté, de la liberté comme défaut

Nous polémiquons sur la liberté d'expression. Nous nous battons pour la défendre, la conquérir, la reconquérir.
Or ce qui dérange réellement dans notre pays, ce qui dérange dans notre société, ce n'est pas la liberté d'expression; c'est l'expression de la liberté.

Être libre dans sa tête est pour les autres le défaut le plus redoutable car il remet en question leur soumission à ce qu'ils n'ont pas choisi.
Si la religion est la culture de l'inculte et son évidence l'argument du faible, la morale, sans être religieuse (si une telle morale existe) est tout autant le refuge de la raison paresseuse.

Certains s'en affranchissent par la provocation, le rejet de toute morale. Mais exister par la négative revient à exister de la même façon. La morale étant pour moi une sorte de valeur absolue, au sens mathématique du terme. Quelque soit le signe que l'on appose devant la morale, que l'on y accole un grand "plus" arrogant et têtu ou un grand "moins "aussi arrogant et têtu, le résultat est le même, on s'enferme dans la morale.
Le plus dur est très certainement de lever les barres de la valeur absolue, transcender la morale absolue comme valeur de vie et aller dans la réflexion. Se construire, déconstruire les barres de la morale, s'affranchir du plus et du moins, cesser de naviguer vers plus l'infini ou moins l'infini se résorber dans l'essence de soi, découvrir qui l'on est et révéler ce qui pour soi est valeur.
Ne plus bouger dans le monde des autres mais bouger son propre monde à travers les infinis trous noirs que sont les autres, qu'est le monde, que sont les âmes qui nous entourent, ces amas d'espace-temps qui s'accrochent aux barres verticales de la valeur absolue afin que le vent de la pensée ne les emporte pas, le vent de la liberté.

Liberté de pensée, liberté de ne pas mentir, de ne pas être hypocrite, de ne pas jouer le jeu de la complaisance.

Ce grand défaut qu'on appelle Liberté.
Ce beau défaut, qu'on appelle Liberté.


Et le reste est littérature.