mercredi 6 avril 2011

R de N

Lorsqu'on enseigne le romantisme, on en explique notamment l'émergence par les conquêtes de Napoléon Bonaparte. Les sentiments exaltés qui fondent le romantisme  touchent à tous les domaines. Exaltation devant la beauté de la nature, devant Dieu, devant la chrétienté, devant la mort, l'amour; devant la patrie. Car 10 ans après la Révolution française, Napoléon a redonné goût à l'amour exalté de la Patrie par ses victoires successives.
Je ne sais pas si la Tunisie peut tenir 10 ans à coup d'immobilisme économique et de règlement de comptes. Je ne sais pas si la Révolution Française aurait pu survivre à un Hamma Hammemi ou à un Rached Ghannouchi ou à Jrad et l'UGTT.
Et j'ignore encore si nous aurons un gouvernement qui nous comblera de victoires non pas militaires mais scientifiques, économiques, sociales; surtout, je me demande si de tels hommes et femmes existaient, est-ce que le peuple souverain les laisserait faire...
Je dis cela non parce que je sous-estimerais ce peuple qui s'est libéré du joug de son oppresseur mais parce que je ne peux faire confiance à cette minorité qui n'a jamais autant occupé les espaces, les usines, les esprits, la presse, les médias et nos cauchemars que maintenant.
Je pense à cette minorité à la violence aveugle et insensée. Quelque soit son bord politique, son idéologie -si elle en a- sa région, ses revendications, ses discours.
Et puis d'un autre coté, les autres, les passionnés. Avides de libertés, de progrès, d'expressivité. Les autres en petits cercles comme des salons littéraires d'un autre âge; qui discutent entre eux. Et ils sont si nombreux. Nous sommes si nombreux que je m'en veux à moi-même. Nous nous prêchons entre nous, entre convaincus. Or le véritable combat ne se fera pas dans des marches qui réunissent des personnes déjà convaincues mais par une union solide et constructive, réelle, concrète, loin des beaux discours. Pourquoi ces petits cercles ne constitueraient-ils pas enfin une gigantesque sphère qui ne manifeste pas entre elle pour se conforter dans ses propres convictions.
De l'autre coté de la rue, la concierge épie les gens, propage les rumeurs, monte les gens les uns contre les autres; crée des listes de cibles à abattre et nous plonge dans une nouvelle ère de haine.
Il semblerait que pendant que certains assassinent la Tunisie, d'autres les regardent en débattant avec passion des détails du crime.

La Tunisie est entrain d'être assassinée d'un crime passionnel avec une presse à scandales qui en fait ses choux gras parce qu'elle ne sait pas faire d'autre journalisme.

Passionnel ou pas, le crime est là. Et nous en sommes les témoins.
L'ère du changement, l'ère du renversement, ère des passions, ère de la haine.

Il serait temps de voir tourner un petit air de raison.

Et les reste est littérature.