samedi 13 novembre 2010

âme te souvient-il, du fond du paradis...

Dans la fuite en avant qui nous fracasse contre les inquiétudes de l'avenir et les aberrations du présent, j'ai été, hier, rattrapée par mes 15 ans.
15 ou 17 je ne sais plus, ces souvenirs si effrayants qui semblent appartenir à quelqu'un d'autre ou à une autre vie, d'autres inquiétudes et l'insolence de la jeunesse à l'intelligence hautaine.
Je ne sais pas comment mes quinze ans ont réussi à me trouver au milieu de la vie adulte, dans le charme de la fragilité nouvelle qui supplante l'insolence du printemps.
Je réalise soudainement que dans le combat acharné que nous menons ou seront amenés à mener, ce n'est pas tant notre futur que nous voulons sauver; c'est notre jeunesse que nous voulons préserver.
Non pas préserver quelque impression de fraicheur, ni le sourire d'un après-midi d'été, Dieu ce que j'ai détesté l'adolescence! Nous voulons préserver l'insolence de la jeunesse, la liberté de cœur, de corps et d'esprit que nous avons su acquérir loin des faux-semblants d'une religion faux-cul qui rabâche sa haine à une société servile, débile.
Quand je pense qu'à 15 ans je trouvais les gens autour de moi idiots, hypocrites et superficiels! Quand je pense que j'abhorrais la société, je réalise que je n'ose même pas aujourd'hui mettre un nom sur la société actuelle, je n'ose la qualifier de rien, tant elle me fait flipper, tant je la refuse, tant je veux en sortir, l'éclater, lui foutre deux baffes sur sa tronche de perverse hypocrite bourrée de culs bénis.
Je veux que mes enfants aient l'insolence de l'intelligence hautaine, le courage de leur liberté, qu'ils soient aussi chiants que je l'étais, aussi arrogants, aussi imbus, qu'ils se prennent les coups qui les remettent par suite dans la réalité de leur intelligence, de leurs capacités, les limites de leurs ambitions, soit; on n'est pas fini quand on a fini par savoir qui on est.
On ne meurt qu'écrasé par la foule lorsqu'on ne sait plus la traverser.


Et le reste est littérature.

vendredi 10 septembre 2010

L'aid de Saint Patrick

En matière de sainteté, ce que l'on aime chez nous, c'est fêter dignement leur achèvement.
Si l'on n'accueille pas en grandes pompes le mois saint, on le mène à la porte des bars avec fanfare.
Qu'il conjugue sa sainteté à la chaleur du mois d'août rend son départ d'autant plus festif.
Ne faisons pas dans la langue de bois, ni dans le politico-religieux correct, le mois saint n'a de sainteté chez nous que le nom qu'il porte et les blasphèmes qu'il engendre chez les jeuneurs fatigués qui le prennent comme excuse pour leur paresse, leur mauvaise humeur, leur insolence et leur grossièretés.Ne s'exaltent pendant le mois saint que les jelbabs à la mode achetés avec bruit pour faire impression à la mosquée du coin lorsque ces dames découvrent avec émotion la prière qu'elles abandonneront sitôt le mois terminé.
Dès minuit, les bars ont ouvert leurs portes, il y a des soifs à étancher, des soifs impossible à faire patienter, à modérer, alors on fête, sans modération, on fête les bars et les bières.
Car chez nous ce qui est saint c'est l'outrance, bars et bières outrageux contre barbes et prières à outrance.
Je me demande de quel côté regardaient les yeux de Dieu hier.
Combien sont-ils à insulter un non-jeuneur et qui se sont rués sur les bars dès hier? Et combien sont-ils qui sortent de la prière et rentrent chez eux insulter leurs femmes, mentir, trahir, voler et tromper?
J'ai toujours cru, naivement, que Dieu regardait les coeurs et non pas les actes.  Aujourd'hui les coeurs n'agissent plus, ils battent; ils se battent. En terme d'action, seule la parole est acte, le discours supplante la foi et les actes tournent le dos au discours.

L'ivresse des coeurs purs ne connait pas de fin, ni fin de mois, ni faim de foie, ni crise de foi.

Et le reste est littérature.

mardi 24 août 2010

Autre monde, autre immonde, autre inonde.

 Je viens de lire cette note de l'excellent blog de Massir, elle y exprime son étonnement devant la piété exacerbée de certains des voyageurs qui étaient dans le même avion qu'elle.
Je dis étonnement, mais je choisis mal mes mots et peut-être suis-je entrain de choisir les mauvais termes car ce dont je voudrais parler c'est de ce terrible malentendu dont cette note fait l'objet, comme nombreuses autres notes, par ailleurs.
Il ne s'agit pas tant d'étonnement que de curiosité.
Si j'ai délibérément choisi de dire étonnement en lieu et place de curiosité c'est justement parce que ceux qui ont commenté cet article ont fait part d'une condescendance sans égale vis à vis de Massir en lui disant qu'elle ne pouvait pas comprendre le bonheur dans lequel vivent ces gens qui consacrent cent pour cent de leur temps à lire le coran.
Et encore une fois, ne vous y trompez pas. Massir a bien précisé LIRE, mais lire pour lire. C'est à dire comme on lit une incantation dans une langue que l'on ne comprend pas. Comme dans les églises ces gens qui chantent des chants religieux en latin sans les comprendre. Il ne s'agit pas de lecture instructive, ou académique ou théologique, non, il s'agit du degré zéro de la lecture, c'est à dire le déchiffrage des lettres.
J'aime le Coran, je le lis beaucoup, et souvent, j'en connais certaines parties par cœur, j'en ai lu plusieurs explications, interprétations. Je suis souvent confrontée à des gens qui défendent avec passion le Coran sans en connaitre un seul verset par cœur, qui l'ont pourtant beaucoup lu et qui passent leur temps à le LIRE.
C'est pour moi une source historique intéressante, je pense qu'il contient des réflexions sur l'âme humaine qui sont pertinentes, j'aime les histoires qu'il contient, j'en aime aussi la rhétorique, l'intertextualité.
Mais les co-voyageurs de Massir, qui poussent la piété jusqu'à prier dans le couloir de l'avion et qui sont en kamiss pour les hommes et en niqab pour les femmes, ne le lisent ni pour la rhétorique, ni pour les informations, ni même pour les commandements religieux qu'il contient.
Ils le lisent pour lire, comme pour s'en imprégner, plus par superstition que par piété en réalité.
Ce qui m'a choquée c'est que tout au long de la note, Massir ne cessait de répéter qu'elle ne portait aucun jugement mais que ce monde où les gens lisent sans lire et consacrent toute leur énergie autour du seul religieux (et elle ne parlait pas que de l'Islam) était un monde qu'elle ne comprenait pas. Et pourtant, les commentaires ont rapidement fusé dans du "ces gens sont plus heureux que toi, rabbi yehdik, etc."
Si Massir s'est efforcée de ne porter aucun jugement, ses lecteurs, eux, se sont empressés de la condamner, comme d'habitude.
Car dans ce monde qu'elle ne comprend pas, l'autre est immonde s'il ne s'immerge pas dans le religieux qui inonde.
Si Massir avait parlé de quelque religion hindoue qu'elle aurait découverte au fin fond de l'Inde lors d'un voyage et si elle avait dit qu'elle ne comprenait pas ce monde, je pense qu'elle n'aurait eu aucun commentaire du genre "rabbi yehdik". Peut-être n'aurait-elle eu aucun commentaire ou peut-être un des ces excités qui se ruent sur son blog uniquement pour le descendre lui aurait-il répondu que ces pauvres hindous qui consacrent leur vie à cette religion bizarre n'avaient pas eu la chance d'être éclairés par l'Islam. En d'autres temps, les missionnaires catholiques couraient à travers contrées lointaines justement pour apporter la lumière de la Chrétienté aux sauvages.
Non, de nos jours, on n'a pas le droit d'être curieux devant une pratique que l'on ne comprend pas.
Car dans le monde tel qu'il est aujourd'hui ceux qui sont d'un autre monde maintenant ce sont nous, nous sommes l'autre monde, l'autre immonde  que l'autre inonde de haine et de jugements.

Mais ne nous étonnons pas trop non plus de ces réactions.
Si la curiosité de Massir est passée pour un étonnement déplacé, c'est que nous sommes de plus en plus dans un monde où la curiosité n'est plus de mise. On s'étonne de la force de Dieu, des miracles facebookiens de l'Islam, mais on n'est pas curieux de découvrir ce qui se cache derrière cette montée spectaculaire de la bêtise, de l'intolérance et du retour sans grâce de réflexions et pratiques moyenâgeuses. On n'est même pas curieux de découvrir le véritable sens de l'Islam, ni ses valeurs fondamentales.

Si Massir s'est efforcée de réfléchir à ce monde sans le juger, ceux qui lui ont répondu l'ont jugée sans réfléchir.

Faculté de jugement, faculté de pensée sont aujourd'hui curieusement séparées.

 Et le reste est littérature.


http://massir.blogs.psychologies.com/mon_massir/2010/08/un-autre-monde.html

lundi 2 août 2010

Ce dont je me souviens de Bourguiba

Je me souviens très certainement de la mort de Bourguiba, comme tout le monde.
Je crois que chacun d'entre nous se souvient de l'endroit où il était et de ce qu'il faisait au moment où nous avons appris le décès du grand homme. Tout comme tout le monde se souvient de l'endroit où il se trouvait et ce qu'il faisait au moment de l'effondrement des Tours le 11 septembre.
Je ne fais pas de plaidoyer pathétique, ni de la sous-politique.
Je veux vraiment me souvenir de ce dont je me souviens.
Je me souviens, enfant, des extraits quotidiens de ses discours, je me souviens de ce rituel paternaliste, me souviens que cela organisait la journée, la soirée, que ça voulait dire que c'était l'heure du journal télévisé, qu'on irait se coucher dans une heure à peu près.
Je me souviens des vidéos en été où on le voyait se baigner à Monastir.

Je me souviens des émeutes du pain, notre maison avait été attaquée et mon grand-père avait tiré sur l'un des assaillants pour faire fuir la foule qui voulait pénétrer chez nous, je me souviens de la peur, je me souviens des jets de pierres sur notre voiture et des gens amassés sur le pare-brise de ma mère qui tentait de foncer dans le tas pour que nous puissions nous échapper.
Je me souviens de la maison de ma tante, pas loin de l'Avenue de la Liberté, nous y étions tous réfugiés et c'était la première fois que nous dormions avec mes parents ailleurs que chez nous, dans une autre maison, je crois aussi que c'est bien la seule fois où nous avons passé la nuit, en famille, ailleurs que dans notre maison.

Je me souviens de la peur. Et des vains efforts de ma mère pour calmer mon angoisse.


Je me souviens que nous attendions que Bourguiba parle à la télé, parce que nous savions que Bourguiba allait nous sauver. Et Bourguiba a parlé et les émeutes se sont arrêtées.
Nous sommes sortis alors, avec mes cousins, nous sommes sortis acclamer Bourguiba.
Dans mon souvenir je crois l'avoir vu, ou peut-être était-ce juste sa voiture, j'avais cinq ans et mon cousin me portait sur ses épaules et j'ai scandé dans la rue "Yahia Bourguiba" et je me souviens l'avoir scandé avec conviction et joie parce que je pensais, moi, ce jour-là, que nous rentrions chez nous grâce à lui.
Et en rentrant à la maison, il y avait la vitre cassée, près des escaliers, une trace de tir aussi sur un mur.
Après cet épisode, mes parents ont installé du fer forgé à toutes les fenêtres.
Et depuis, j'ai une phobie indicible de la foule. Dès que je vois une foule, je tourne presque de l'œil, j'ai des sueurs froides et je suis convaincue que quelque chose de violent va arriver.
Depuis, j'ai aussi peur de tous les bruits qui ressemblent à des bruits de tir, j'ai une peur bleue des feux d'artifices et je me bouche les oreilles du début jusqu'à la fin, j'ai peur des ballons parce que j'ai peur qu'ils éclatent.
Je revois encore mon grand-père, fusil à l'épaule, tirer dans la foule et pourtant, aujourd'hui encore, dans ma tête, ce n'est pas mon grand-père qui nous a sauvés, c'est Bourguiba.

Plus grand qu'un grand-père, un père. Le Père de la Nation.


Il y a un orphelinat très connu en Tunisie, ça s'appelle les Enfants de Bourguiba.


Et le reste est littérature.

mardi 29 juin 2010

Voluptés du mensonge

Le mensonge.
Mon ennemi juré, ce que je déteste le plus, l'horreur, la bassesse.
Il n'y a rien au monde que je déteste autant que le mensonge, c'est l'antichambre de la trahison, c'est une humiliation sournoise de l'autre, le mensonge est ce par quoi toute la bassesse du monde commence, c'est le fondement même du mal que l'on peut faire à l'autre.

Je ne prétends pas n'avoir jamais menti, je n'en suis pas fière, il y a derrière ces mensonges, aussi petits fussent-ils ma propre bassesse, ma lâcheté, je me console en me disant que j'ai très peu menti, que je n'ai jamais trahi, ces mensonges me font mal tout de même et si je devais croire en l'existence d'une quelconque balance au sein de laquelle s'entasseraient nos actions, je pense que ces mensonges sont ce qui la fera chavirer, aussi petits soient-ils, aussi insignifiants, je ne suis pas moi-même quand je mens, avant même de trahir l'autre, je me trahis moi.

Mais je découvre avec l'âge et avec effarement que non seulement tout le monde ment mais qu'en plus tout le monde est fier de mentir. De cette lâcheté qu'on appelle mensonge, ils tirent de la grandeur, une forme de supériorité, un bien-être même.
C'est leur façon d'être, un mode de vie.
Leur volupté, leur érotisme, leur sex appeal.

Se rendent-ils seulement compte de la blessure causée à l'autre quand il découvre avoir été abusé? Peut-être en éprouvent-ils du plaisir?

Voluptueux mensonge, une douleur dans le plaisir.

Et le reste est littérature.

dimanche 20 juin 2010

Heureux, trop heureux.

Originellement, ce post devait s'intituler: "mais enfin pourquoi se voilent-elles?"
Puis j'ai repensé au cas de cette femme qui avait décidé de se voiler au moment où la vie lui souriait le plus.
Elle avait attendu des années durant d'avoir enfin un enfant, d'acheter enfin sa maison, de pouvoir enfin de permettre mille et une folies. Et au moment où elle a obtenu tout cela, elle s'est voilée.
Jeune et belle, la vie lui sourit à quarante ans passées, elle obtient ce qu'elle n'espérait plus obtenir.
D'une façon générale, le parcours classique de la voilée, c'est ou l'endoctrinement par les amies appuyées par les télévisions satellites arabes et surtout par les hommes qui les entourent et qu'elles convoitent, ou cette fameuse descente aux enfers fantasmagoriques de ce scénario atroce supposé attendre les hommes une fois le pied dans la tombe. Cette seconde catégorie vient essentiellement au voile après un décès douloureux dans leur environnement proche.
J'ai réalisé que dans le cas de la femme dont je vous parlais tantôt, c'est surtout la peur de perdre ce bonheur inespéré qui l'a poussée à porter le voile.
Ce n'est pas tant pour remercier Dieu de lui avoir accordé ce qu'elle désirait que pour lui faire un sacrifice.
Elle a offert à dieu, comme on offrait à Apollon ou à Venus, sa beauté, sa jeunesse.
Prenez ma beauté mon dieu, prenez ma jeunesse, tout ce que je possède prenez-le mais laissez-moi jouir du bonheur que vous m'avez enfin accordé.
Mais s'il y a  dans ce cheminement énormément de souffrance, car cette femme a souffert et pas qu'un peu, avant de voir venir à elle ce bonheur, il n'en est pas de même pour non seulement les filles et femmes voilées dans notre pays, mais pour notre société toute entière.
En définitive, ce qui cause la dérive de notre jeunesse, de notre société, c'est bien cela, ils sont trop heureux.
Imaginez ce pays où les gens ont oublié ce qu'était le militantisme, la souffrance, ce que c'était que de se battre pour obtenir quelque chose.
Regardez cette société où n'importe quel match de foot de la division d'honneur peut ravir des milliers de personnes, regardez les cafés où les bonheurs simples s'affranchissent de toute philosophie de vie pour devenir des bonheurs idiots.
Il y a encore quelques années, la chicha nationale et sa jumelle la chkobba (ou le rami, ou encore la belote) avec deux trois bonnes discussions sur le foot suffisaient à ravir tout le pays.
Une petite bière de temps à autre, ou une bouteille de vin, ou une bonne beuverie constituaient la cerise sur le gâteau.
Mais voilà que peuple heureux, trop heureux, réalisa grâce au waswess khanness de Iqra et compagnie qu'il fallait justement qu'il approfondisse ce bonheur en creusant un peu plus vers le ciel.
Il décida alors de sacrifier un peu de ce bonheur insoutenable (l'expression est empruntée à Ira Levin, du titre de son livre) afin de mieux le mériter.
C'est ainsi qu'entre deux grossièretés au bon vieux café, vinrent s'immiscer entre la première chicha et la troisième chkobba deux paroles d'évangile puisée dans les sources non coraniques mais y ressemblant. Je dis non coraniques car il est rare que nos chichistes et nos ramistes et chkobbistes eussent jamais appris un seul verset coranique. Mais ils défendent ce qu'ils ne connaissent pas avec une virulence extrême, ils y mettent leur honneur, le sang de la belote, les larmes finies du noufi à pari défendant. Non on ne touche pas à la parole sacrée que nul ne connait, n'a lue mais dont on a entendu parler, tel un saint graal que personne ne se fatiguerait à chercher.
On reproche souvent à notre pays de lésiner sur l'information, de prétendre que tout va bien.
Mais en réalité, ce n'est pas une déformation de l'information, tout le monde va bien.
Ils étaient trop heureux, ils ont sacrifié à la mode de la parole divine, ils ont pris de la profondeur, ils méritent leur bonheur, ah cet homme tunisien merveilleusement accompli qui construit sa maison, gagne bien sa vie, vainc au rami et a sincèrement l'intention, dans dix ans, d'abandonner la beuverie et d'aller louer Dieu se déplaçant du fond de sa Tunisie à la superficie de la Mecque, pèlerinage nettoyant, Monsieur Propre Salle de Bain, homme parfait que tu es, toi, qui as tout, travail, foyer, femme au foyer, deux trois versets incomplets et ta revanche au rami, tu la tiens ta vie, ta vie d'homme heureux, trop heureux.

Et les reste est littérature.

lundi 7 juin 2010

Ondes et ondines

Il arrive de temps à autre, quand par lassitude des petites et grosses déceptions de la vie, que j'amarre la bateau qu'est ma vie à un port de passage pour l'y reposer.
On croit à tort que certaines de ses brisures peuvent être réparées à ces ports, ce n'est pas là le dessein; en réalité, le spectacle est assez époustouflant.
à bord du navire on voit les marins, ces gens que l'on rencontre tout au long de la vie et qu'on prend avec nous, bon gré, mal gré, à bord de ce navire qu'est la vie. Et tous ces marins s'agitent ou s'endorment à mesure que l'on les oublie ou qu'on les dépasse, à mesure qu'ils nous survivent ou qu'ils trépassent.
Dans les caisses du navire, les objets qu'on amasse, vains objets, précieux objets qu'à la fin on abandonne sur le port ou que l'on casse.
Dans la cale, les enfants que l'on a été, dans la cale qui rament sur les flots géants et les ondes tristes, de leurs petites mains, bras surfaits et genoux écorchés et tiennent la rame et poussent le bateau.
Et les rêves et désirs qui gonflent les voiles, s'accrochent au vent, bombent le torse ou vous tournent le dos, transportent la vie et aident l'enfant qui rame son âme au fond du bateau.
Mais à ce havre de paix, souvent, sitôt l'équipage reposé, l'espoir s'ennuie et crie à la cale d'embrasser la flamme et rouler sur l'eau, l'enfant à la rame, le désir aux fourneaux, les rêves à la voile au port tournent le dos.
Sur ondes et ondines, je suis le bateau qui revire et chavire volant dans les flots. 
L'enfant dans ma cale regarde la voile qui se gonfle de sa rame et le porte si haut.
Le bois de ma vie je l'ai fait de ma peau, de mes joies, mes envies, mes ratés et râteaux. 
Au port que je quitte je vois les bateaux qui, rarement quittent le port vers l'eau.
Tristes navires aux mats nus, qui regardent les voiles qu'ils n'ont jamais connues.
Tristes navires qui jamais ne chavirent ni ne prennent l'eau. Les pires de mes nuits et les amours endeuillées ont une joie de vie dans le plus sombre des flots que jamais de la vie ne connaitront ces bateaux.
Ondes et ondines, recevez le bateau dont le bois est ma peau.
L'enfant qui rame siffle une cantine qui grimpe aux mats et souffle à la voile: hymne à la vie qui s'empare des mots, rêves et brisures, vogue le bateau sur...

Le reste est littérature.


jeudi 3 juin 2010

Des intérêts et désintérêt des épouses.

Vu sur FB l'autre jour une jeune femme qui avait marqué comme Interests: Mousalsal Assi (pour ceux qui n'ont pas de grand-mère, c'est un soap opéra turque qui ne raconte rien à part des amours contrariées et des maisons à grands tapis) et, je cite, "lire des livres de religion".

Parfait, elle fera une excellente épouse.

Et le reste?
Quels restes?

Le reste est littérature.

mercredi 2 juin 2010

Les sans papiers.

Le livre en Tunisie est sans lecteurs. L'article paru dans La Presse n'a fait que confirmer par des chiffres ce que l'on savait déjà.
Combien sont-ils déjà à vous avoir dit fièrement "tu sais, je n'ai jamais lu un seul livre de ma vie!" ou "tu sais, je n'ai plus lu aucun livre depuis le primaire"
Mais pourquoi en sont-ils si FIERS?


Les tunisiens lisent de moins en moins. Sans lecture, sans culture c'est notre identité toute entière qui est menacée car nous n'avons pas assez de recul, assez de bagages pour la défendre contre l'invasion des intégrismes et endoctrinement en tous genres (islamistes, prosélytes chrétiens, etc.)

Mais ce que l'on sait moins c'est que le livre en Tunisie est aussi sans papier.

Le papier souffre en Tunisie d'une hausse de prix si considérable que certains de nos éditeurs militants pensent renoncer à l'édition, d'autres y ont déjà renoncé.

Nous allons de plus vers une société dont les individus évoluent sans papier, sans identité.

Sans papiers d'identité.

Nous devenons des sans-papiers chez nous.

Et le reste est littérature.

lundi 31 mai 2010

Routines

- Tu es musulmane?
- Euh?
- Tu es musulmane oui ou non?
- J'en sais rien, oui!
- Alors pourquoi sur Facebook tu n'as pas mis que tu étais musulmane? Je n'ai pas aimé ce que tu as mis, cette histoire de liberté ou je sais pas quoi.

C'était le début de la conversation.

- Tu crois en Dieu? tu crois en son prophète, tu crois en ses livres?
- Oui!
- Comment tu pries?
- Hein?
- Comment tu pries?
- Ben je sais pas, ça dépend où je suis et ce que je fais. Debout, assise, penchée, dans mon lit.
- Tu ne peux pas prier comme bon te semble! ce n'est pas ça la prière! tu dois prier exactement comme tout le monde, sinon tu n'es pas musulmane!
- ah bon? C'est une question de forme? de gestuelle?
- Oui! Le Prophète a appris aux gens une seule façon de prier, tu ne pries pas comme il l'a appris, tu n'es pas musulmane! Tu ne te rends pas compte à quel point tu es à coté de la plaque! J'espère qu'un jour tu t'en rendras compte et que tu reviendras vers le droit chemin.

C'était la fin de la conversation.

Pendant ce temps, une flotte, Free Gaza, se dirigeait vers Gaza, chargée de vivres, chargée de vies.
A bord de la flotte des militants, musulmans et non musulmans. Ils priaient, ensemble. Je ne sais pas quelle gestuelle ils avaient adoptée, je ne sais pas si celui ou celle qui priait allongé dans son couchage au moment où les israéliens leur tiraient dessus peut être considéré ou non comme étant un vrai musulman. Vous savez, chez nous la religion c'est une affaire de routine, adoptez les bons gestes sans adopter de réflexion, ni d'action.
La flotte a été attaquée par les soldats israéliens qui auraient été "obligés" de se défendre contre ces gens très dangereux sans armes et qui se battent à mains nues. Le courageux soldat israélien est descendu par hélicoptère au beau milieu de la nuit et a tiré sur des gens endormis.
Ils ont annoncé que la flotte avait fait preuve de résistance de type "terroriste" et qu'il fallait que les pauvres soldats israéliens se défendent.

Routine médiatique.

Nos chaines, évangélistes coraniques, nos chères chaines qui endorment les cerveaux de nos peuples vont dire que ceux qui sont morts sont des martyrs "chouhada" et au lieu de condamner Israël, les téléspectateurs vont envier le sort des personnes mortes.
Enfin, comprenons-nous bien, seuls les musulmans qui font la prière et qui la font de la façon dont tout le monde la fait, c'est à dire avec les bons gestes, la bonne position des mains, la bonne posture, seuls ceux-là sont des martyrs. Ben oui, parce que les autres ce sont juste des pas-musulmans qui sont allés se faire tuer pour défendre un peuple meurtri.

Routines
La routine, nous apprend la sécurité routière est mère des accidents.
La routine tue les couples.
La routine nous pousse à accomplir les mêmes actes sans jamais y réfléchir.
La routine nous installe dans un schéma de vie où notre faculté de pensée est annihilée.

Et si l'on est en dehors de la routine, on est en dehors de l'acceptable, du béni, de l'admis.
Nous sommes passés à un niveau d'intolérance et de connerie tel que maintenant ce n'est plus le refus de l'autre dans ce qu'il est,
ni dans ce qu'il pense,
ni dans ce qu'il croit,
mais dans ce qu'il ne fait pas comme nous.

Voir les palestiniens mourir, c'est la routine.
Dénoncer Israël c'est la routine.

La mort comme routine.
La bêtise comme routine.
La lâcheté comme routine.

Dieu comme routine.

Et le reste est littérature.




samedi 15 mai 2010

Défaut de liberté, de la liberté comme défaut

Nous polémiquons sur la liberté d'expression. Nous nous battons pour la défendre, la conquérir, la reconquérir.
Or ce qui dérange réellement dans notre pays, ce qui dérange dans notre société, ce n'est pas la liberté d'expression; c'est l'expression de la liberté.

Être libre dans sa tête est pour les autres le défaut le plus redoutable car il remet en question leur soumission à ce qu'ils n'ont pas choisi.
Si la religion est la culture de l'inculte et son évidence l'argument du faible, la morale, sans être religieuse (si une telle morale existe) est tout autant le refuge de la raison paresseuse.

Certains s'en affranchissent par la provocation, le rejet de toute morale. Mais exister par la négative revient à exister de la même façon. La morale étant pour moi une sorte de valeur absolue, au sens mathématique du terme. Quelque soit le signe que l'on appose devant la morale, que l'on y accole un grand "plus" arrogant et têtu ou un grand "moins "aussi arrogant et têtu, le résultat est le même, on s'enferme dans la morale.
Le plus dur est très certainement de lever les barres de la valeur absolue, transcender la morale absolue comme valeur de vie et aller dans la réflexion. Se construire, déconstruire les barres de la morale, s'affranchir du plus et du moins, cesser de naviguer vers plus l'infini ou moins l'infini se résorber dans l'essence de soi, découvrir qui l'on est et révéler ce qui pour soi est valeur.
Ne plus bouger dans le monde des autres mais bouger son propre monde à travers les infinis trous noirs que sont les autres, qu'est le monde, que sont les âmes qui nous entourent, ces amas d'espace-temps qui s'accrochent aux barres verticales de la valeur absolue afin que le vent de la pensée ne les emporte pas, le vent de la liberté.

Liberté de pensée, liberté de ne pas mentir, de ne pas être hypocrite, de ne pas jouer le jeu de la complaisance.

Ce grand défaut qu'on appelle Liberté.
Ce beau défaut, qu'on appelle Liberté.


Et le reste est littérature.

jeudi 29 avril 2010

La haine se repose à l'ombre des peuples.

Il y a une vidéo qui circule sur Facebook, une de celles que le bon musulman est supposé partager pour être récompensé par Dieu. Une vidéo qui utilise Goggle Earth pour expliquer que la construction de la mosquée de Sanaa obéit à un miracle.

Une vidéo parmi tant d'autres, où sur fond de versets coraniques on a un montage primitif qui explique un supposé miracle. Pour toute personne ayant un minimum de culture générale, ces vidéos sont ridicules, voire insultantes à l'égard de toute intelligence. Et c'est en voyant les commentaires exaltés et ponctués d'hallelouia que l'on se rend compte à quel point la culture générale la plus basique est carrément inexistante. Un peuple inculte, 54 ans après l'indépendance, dans un pays où l'État a toujours tout fait pour promouvoir le savoir, si ce n'est pas une tragédie...

La plus grande victoire des américains, si on veut jouer le jeu du choc des civilisations, la plus grande victoire des américains, ce n'est pas d'avoir imposé leur culture au monde.
Une jeune femme m'avait dit être révoltée par la colonisation culturelle américaine dont notre pays souffre. Je lui avais donc demandé si elle avait lu un seul livre américain. Réponse: non.
Peux-tu me citer le nom d'un seul auteur américain? Réponse: non.
As-tu déjà mangé du Mac Donald? Réponse: non.
Peux-tu me citer un président américain qui ne soit pas Bush, Obama ou Clinton? Réponse: non.
Peux-tu me citer 5 films américains? Réponse: non.
Peux-tu me citer un chanteur américain à part Michael Jackson? Réponse: non.
Alors comment peux-tu me dire que tu es colonisée par la culture américaine?
Silence.
Tu serais donc colonisée par une culture que tu ne connais même pas sous prétexte que tu portes un jean made in China?
Colonisée par la culture du Golfe, oui!
Parlais-tu de voile avant l'arrivée des chaines saoudiennes? Réponse: non.
Comprenais-tu le dialecte saoudien avant l'invasion des télés saoudiennes? Réponse: non.
As-tu vu une seule personne songer à porte le nikab avant de l'entendre dire par les télés islamistes du Golfe? Réponse: non.
Alors par quelle culture es-tu colonisée? Quelle culture est-elle venue remplacer la tienne, tuer ton identité?
Silence.

Si les américains ou les sionistes ou quelque autre ennemi déclaré de l'islam et des musulmans ont bien enregistré une victoire, c'est celle de focaliser toute l'énergie des la jeunesse musulmane sur un seul point: la religion
Mieux encore, ce n'est pas la religion, c'est la haine basée sur le religieux.
L'expérience est simple. Imaginez que votre amie, votre petit ami, votre conjoint vous dise un mot de travers. Imaginez que l'on vienne vous dire que votre amie a dit quelque chose de méchant de vous. Vous allez ruminer, en parler, y penser et pendant une journée ou plus, vous allez tout simplement concentrer toute votre énergie, votre pensée, votre colère sur cette histoire et cette personne.
Eh ben c'est la même chose. On dit et on répète à la jeunesse arabo-musulmane que les américains, les danois, les potou-potou, Dupont et Dupont ont dit du mal de votre religion et vous ont insultés. Et voilà que la jeunesse passe son temps à y penser et vas-y les mails pour boycotter les produits danois, le listing des groupes potou-potou sur Facebook, les vidéos des miracles musulmans qui scandent gloire à Dieu et brandissent foulards et corans.
Et pendant le temps où notre jeunesse gâche sont temps et son énergie à crier sa rage, que font les autres?
Ils évoluent, ils avancent.
Voilà la véritable victoire des "ennemis" des arabes et des musulmans.
Occupez-vous du voile, de la burqua, pendant que nous autres faisons évoluer la science, la technologie.
Ensuite, venez consommer notre science et notre technologie. Utilisez nos satellites pour propager encore plus de haine, utilisez nos fusées pour vous entretuer, utilisez nos inventions pour monter vos vidéos haineuses. Surtout continuez à vous occuper de nous haïr. Partagez ces vidéos afin que ceux qui ne sont encore tombés dans le piège de la haine y viennent enfin.

Prendre les musulmans pour des idiots finis, c'est cela la plus grosse insulte à l'Islam. Ce ne sont ni les caricatures, ni les déclarations d'un provocateur quelconque sur quelque chaine suspecte qui sont une insulte aux musulmans. Mais ceux qui les instrumentalisent pour occuper les foules. Mobilier l'énergie de la jeunesse de 22 états arabes et musulmans pour les démobiliser de toute pensée constructive.
Et pou cela, visiblement, nous n'avons même pas besoin d'aide extérieure.
Il semble que ce soit la seule et unique chose pour laquelle les arabes et les musulmans ont fini par avoir une indépendance: comment ne jamais évoluer et mieux, comment faire marche-arrière.

Nous savons nous débrouiller comme des grands pour rester petits.
Nous sommes nos propres ennemis.

Ailleurs, chez "les autres", on apprend aux enfants, aux générations montantes: aimez-vous les les autres parce qu'ils savent que seule l'énergie positive permet une construction, permet l'évolution.
Chez nous nous avons appris haïssez-vous les uns les autres.

Onchorha, laka ajrouha et barra ettakka. Pendant ce temps le monde bouge.

Ne défendez plus l'Islam en l'insultant.

Et le reste est littérature.

samedi 24 avril 2010

Le miel, le beurre et le cul de la fermière. الأولة عسل, الثانية سمن, و الثالثة زفت و قطران

Il fut un temps où je discutais.
Je discutais avec mes amis, avec des membres de ma famille, avec mes collègues de tout et de rien, comme tout le monde. Du temps qu’il fait, de la politique (française bien sûr), du cinéma et de la religion.
Puis les discussions finirent par tourner tout le temps autour du même sujet : l’Islam.
Oui, même pur la crise économique, la conversation concernait l’Islam. Argument ? Si tout le monde payait la zakat, il n’y aurait pas eu de crise économique à travers le monde, et si on s’y mettait, on pourrait résoudre ladite crise.
Cinéma ? On interprète tout comme étant ou pour ou contre l’Islam et les musulmans. Un juif sympathique dans un film et le réalisateur en devient partisan du sionisme.
Politique, géopolitique ? Les pays sont classés selon qu’ils soient pour ou contre les musulmans. Élections au Pérou? On interprète les résultats comme étant pour ou contre les musulmans.
Un bébé zèbre est né dans un zoo en Inde? Miracle musulman, les zébrures ressemblent à Allah.
Il fut un temps où j’argumentais. Où j’essayais d’expliquer par A+B que tout cela n’était pas logique, qu’on ne pouvait pas tout faire tourner autour de l’Islam, qu’il y a avait d’autres paramètres dans le monde, dans l’Histoire, que l’on ne pouvait pas réfléchir en ayant un seul et unique repère, un seul et unique postulat de base à savoir que le monde entier s’évertue à réprimer, harceler, attaquer les musulmans. Que tout acte de violence, tout meurtre, tout viol, tout attentat n’était que la réponse bien méritée à cette persécution.
Et les musulmans qui tuent les musulmans ? Les irakiens qui s’entretuent ? L’Algérie des années 90 ? Avant, mes interlocuteurs disaient « oui bon, ce sont des cas exceptionnels ! » Puis ils se sont mis à garder le silence. Mais maintenant on me dit autre chose : ce sont des mensonges. Ce sont les américains qui ont orchestré tout ça. Ah bon ?
Et les fatwas tordues qui ridiculisent les musulmans à travers le monde ? Et ben, on me répond que ça a été mal compris et que c’est fondé sur une bonne logique musulmane. Le mariage des nourrissons et des petites filles de 1 an ? C’est une protection ; l’Islam protège la femme, ainsi si le père de la petite fille décède, elle a déjà un mari qui pourra s’occuper d’elle. Et ce ne sont pas des radicaux qui répondent ça, ce sont des gens « normaux », des musulmans modernes. Il ne faut pas aller dans le sens des occidentaux ! La burka ? Et pourquoi pas finalement ? Au-delà du bon vieil argument stupide « pourquoi n’interdit-on pas la mini-jupe ? » des amis que je croyais modérés, les prototypes du musulman tunisien qui boit de l’alcool mais ne mange pas de porc répondent : ben tu sais, quand tu as quelque chose de précieux, tu le caches… C’est une façon de protéger la femme…
Quelque CHOSE de précieux? Mais la femme n’est pas une CHOSE ! Et pourquoi appeler « protection » ce qui est une tutelle, une chosification de la femme, une oppression, une répression.
Non, Niet, il ne faut pas discuter, il ne faut pas argumenter. Il ne faut pas réfléchir, il ne faut pas parler de logique, ni de cohérence, il ne faut pas avancer des éléments historiques que la télévision islamiste n’a pas avancés. Peu importe le nombre de livres que l’on ait lu, peu importe le savoir que l’ait cumulé, peu importe la culture théologique que l’on ait. Seuls les Cheikh Zommar et Cheikh 7mar (comme dit mon ami T.K.) ont raison et possèdent la vérité. Et dès lors qu’ils n’ont pas confirmé telle ou telle information, tout ce que l’on peut dire, nous, vous, tout cela ne vaut rien. Seule vaut la pensée commune véhiculée par les ennemis de la pensée.
Voilà pourquoi je ne discute plus.
Parce qu’au début, cela ressemblait à une discussion, où l’on confronte ses opinions. عسل
Ensuite, ce n’était plus une confrontation d’idées mais d’idéaux. سمن
Maintenant je me heurte à un mur. Un mur, que dis-je ? Un mur on pourrait le peindre, le démolir et le reconstruire, un mur peut prendre l’eau, peut se fissurer, contre un mur on peut jouer au ballon.
Non, là c’est imperméable, immuable. C’est du goudron. زفت و قطران
Les esprits sont goudronnés.

Et le reste est littérature.

samedi 10 avril 2010

Cauchemar en scène

J'ai pu voir, hier, la nouvelle pièce de Fadhel Jaibi et de Jalila Baccar, Yahia Yaïch.
Excellente pièce, à mon humble avis. J'ai quelques réserves sur son rythme, un peu lent sur les scènes intermédiaires (j'avais envie de dire quelques plans, ou quelques séquences, le cinéma obsède mes pensées.) Qualité de jeu exceptionnelle, belle écriture.
Mauvais son par moments, soucis techniques, qualité des haut-parleurs, on ne va pas chicaner dessus, le sur-titrage permettant de rattraper les paroles que l'on aurait ratées.

Je ne m'attarde pas sur la pièce, je conseille vivement d'aller la voir, je vous garantis une émotion et l'émotion est devenue rare de nos jours.

L'objet de ma note est un petit incident qui est arrivé à une amie très proche qui m'a accompagnée à ladite pièce.

Fadhel Jaibi se joue des codes conventionnels du théâtre. Aussi, le lumière est-elle restée allumée pendant un bon moment au début de la pièce, les acteurs ne surgissent pas sur scène mais entrent dans la salle par les mêmes portes que le public et traversent ce public lentement en regardant les visages.
Je n'ai pas été étonnée par cette entrée, ni surprise, je me demandais tout simplement comment ce silence et cette marche observatrice des comédiens allait être interrompue, je m'attendais à des cris, ou un grand bruit. Il y a, en effet, eu, dès la montée sur scène des comédiens des bruits de coups de feu et nous avons tous sursauté. Certains en ont même ri.

Mon amie m'a avouée à la sortie qu'elle avait eu tellement peur qu'elle avait failli s'évanouir.
Au moment où les comédiens sont entrés dans la salle, elle en avait surtout vu deux. Des hommes, en costume sombre portant une barbe de quelque jours.
Et mon amie n'a pas compris que le spectacle venait de commencer. Elle a cru que c'étaient des intégristes islamistes venus pour nous tuer.

Cette pensée l'a tellement terrifiée et terrorisée que même lorsque les comédiens sont montés sur scène, elle n'a pas réalisé la présence de Jalila Baccar, de Fatma Ben Saidane, elle était tétanisée et aux coups de feu, elle s'est simplement jetée par terre.
D'aucuns pourront la railler, ou invoquer une forme de naïveté.
Mais le fait est qu'aujourd'hui et bien que la Tunisie ne connaît aucune forme de violence de cette sorte, nous avons la peur au ventre. Parce que nous savons de quoi ces gens-là sont capables. Parce que certains blogueurs ont reçu des menaces de mort .
Parce que les comptes Facebook de tous ceux qui ont eu l'idée d'exprimer leur adhésion à une pensée autre que la pensée islamiste unique se sont vus tuer virtuellement par les djihadistes de la toile; parce qu'une personne s'est vue menacer pour avoir publié une recette de cuisine contenant du porc, parce que nous risquons d'être dénoncés, piratés, attaqués pour la simple raison que nous sommes fiers de la Tunisie que nous avons toujours connue et son exception culturelle.
Parce que mon amie a associé culture et art à danger de mort, elle a pensé que le simple fait d'entrer dans un théâtre mettait sa vie en danger.

La première scène de la pièce est un cauchemar.

Puisse ce cauchemar ne jamais commencer.

Préserver notre pays, notre liberté de pensée, c'est préserver nos vies.

Le droit de penser est un droit à la vie.

Et le reste est littérature.

mercredi 7 avril 2010

La peur de Dieu, la passion du Diable.

J'avais parlé une fois d'une personne de ma famille ayant "décidé" de porter le voile sur les instructions de son époux.
Lui ayant objecté que le Diable était une notion qui servait surtout à se déculpabiliser et à ne pas assumer ses actions, elle a répondu, avec l'aide et la plume du cher mari. Et nous lui avons répondu aussi avec l'aide de Dieu...
Je reproduis ici les mails:

"Bonjour tata,
je te remercie pour le mail, simplement ce qui m'a surpris de ton mail d'hier c'est que d'après toi le diable n'exisite pas, alors, sans te dire de lire juste les 2 premières pages du coran qui forcément indiquent et justifient l'éxistance du diable, j'v te demander pourquoi on dit "a3oudhou bellehi mina chaytani rajim" ? même avant de lire le coran.
Le diable existe puisque dieu nous a averti de son existence et l'a cité plusieurs fois dans le coran, et si vous dites qu'il n'existe pas c'est à dire qu'indirectement vous ne croyez pas en dieu.
C'est dommage que vous avez l'impression que l'islam est une religion très exigente et trop stricte, et ca me fait mal que toute la famille presque sont anti "femme voilée" et croient qu'elle est déphasée et n'a pas le droit de vivre comme toutes les autres femmes, moi je vois le contraire, surtout que j'ai eu l'honneur de faire partie de ces femmes voilées, et je vois que la femme "moderne" ou "up to date" qui veut se faire plaire par son physique n'a pas assez de confiance en ses qualités personnelles, et donc essaie de faire recours à son physique pour plaire aux autres.
Je sais que toutes les femmes veulent toujours être belles et montrer leur charme à tout ceux qui l'entourent, mais puisque j'aime beaucoup dieu qui m'a ordonné de cacher ma beauté pour mon bien être et pour vivre tranquille sans que personne ne me provoque et pour être respectée par tout le monde, j'ai décidé de mettre la voile malgré que je suis encore jeune et j'ai plein de choses à montrer, et je me sens beaucoup mieux, même je hausse la tête quand je marche dans la rue.
Je sais que j'ai un peu changé de sujet, mais c'était un point que je voulais aborder..."

Notre réponse:

Chère nièce,

On ne peut pas avancer dans une réflexion ni avancer dans la vie en prenant une seule et unique référence. Tu ne peux pas argumenter une pensée en te basant uniquement et exclusivement sur le coran. tu ne peux pas tenter de prouver que Dieu existe ou que le diable existe en te basant sur le coran puisque le coran est supposé être la parole de Dieu, c'est comme si tu tournais en rond entre l'oeuf et la poule.
La foi véritable doit savoir s'autoriser à aller en dehors du coran pour chercher des réponses.
Si ta foi en Dieu est si fragile que tu as peur de la confronter à d'autres idées et si tu refuses toute idée qui ne soit pas présente dans le coran, ça veut dire que tu as l'esprit étroit et je pense que si Dieu a donné à l'Homme un cerveau pour le distinguer des animaux c'est bien pour qu'il l'utilise.
Nous sommes des êtres humains. Nous ne sommes pas des moutons qui suivent par instinct, ni des fourmis dont le comportement est présent dans les gènes.
Si te réfères au Coran, Ibrahim avait cherché Dieu, il 'avait cherché dans les astres et avait compris que Dieu était une idée, un symbole, une abstraction. La force de l'être humain est de pouvoir faire preuve d'abstraction, comme dans les mathématiques. Je ne vais pas dire que le diable existe parce que nous avons pris l'HABITUDE par TRADITION de dire "a3oudh billahi"
Ce genre d'incantation existe dans toutes les religions et toutes croient être justes et toutes ont plusieurs formes du malin, et toutes font appel à l'exclusion de toute énergie négative pour pouvoir méditer.
Le diable c'est l'incarnation pour les musulmans de l'énergie négative qu'il y a chez les bouddhistes. Ce n'est qu'une question d'imagination populaire.
Je crois en Dieu. Je ne crois pas en un Dieu punisseur, ni sadique, je ne crois pas que Dieu soit un bourreau. Je crois que lorsqu'il nous parle de Diable il nous met en garde contre nous-mêmes et non pas contre une créature extérieure à nous.
Maintenant, si tu as tenu à parler du voile, voilà ce que j'en pense.
Je respecte parfaitement ton choix de le porter. Si tu estimes que tu dois cacher ta beauté, tu es libre de la cacher.
Je pense que tu n'as pas à parler au nom de toute la famille, car aucun d'entre eux n'a critiqué ton choix et tu ne sais pas ce que les autres en pensent.
Mais si une personne n'est pas un physique, je vois mal comment une foi peut être physique. Si une personne c'est une pensée et une personnalité, pourquoi est-ce que toi et les femmes voilées ne savez exprimer la foi que par quelque chose de physique.
La religion c'est la liberté de tout un chacun, c'est la façon dont nous affrontons la peur de mourir. Chaque peuple a trouvé sa propre façon d'affronter cette peur et l'Islam, comme toute religion sert à gérer cette peur et à apprivoiser l'idée de la mort.
Tu es jeune, c'est vrai. Je ne te dis pas que tu as des choses à montrer, je pense que tu as des choses à apprendre.
Vis ta foi, vis-la voilée ou non, musulmane moderne voilée ou non voilée n'est pas la question. Lis des livres autres que ceux qu'on te donne à lire, fais de la recherche, lis les soufis, lis Averroes, lis les grands savants qui ont réfléchi sur l'Islam et non pas les livres à 1 dinars sur comment être une bonne musulmane en 10 leçons.
L'islam n'est pas une religion stricte, ni difficile. Je ne l'ai jamais dit et je ne l'ai jamais pensé. L'Islam était une religion de tolérance et de liberté de choix jusqu'à ce que ces dix dernières années le paysage médiatique arabe s'occupe d'endormir les populations avec des détails sur l'Islam.
Tu as 23 ans. Que sais-tu du monde?
Il y a toujours eu dans l'histoire 3 façons de contrôler les peuples. La première est la religion car tout le monde a peur de Dieu et personne n'ose contester l'ordre religieux. Il suffit de crier "Dieu a dit!" et les peuples se taisent. C'est ce qui se passe dans le monde arabe aujourd'hui, on contrôle les gens en hurlant le nom de Dieu.
Le second moyen de contrôler la population, juste pour ta culture générale, ce sont les guerres. On lance une guerre pour que les gens ne regardent pas ce qui se passe dans leur pays mais regardent la guerre. C'est ce que Bush a fait en lançant la guerre en Irak.
Le 3e moyen, c'est le sport. Ce sont les grecs qui l'ont lancé. Remplir une arène et amener les gens à venir et à s'y intéresser.
Regarde bien le monde qui t'entoure, le monde arabe tourner autour de ces 3 moyens: la religion, la guerre (Irak et Palestine) et le sport. Voilà comment les jeunes d'aujourd'hui ne s'intéressent qu'à la religion et à nos "frères" en Irak et en Palestine et au foot. Tu verras que toi-même tu ne sors pas de ces 3 préoccupations. Cela aide les arabes à ne jamais entrer en démocratie et ils sont financés par les américains pour que les peuples arabes composés à 60% de jeunes n'évoluent jamais. Ils sont tout le temps préoccupés par la religion (guerre pour le voile), les guerres, et le foot (guerre pour un ballon).
Voilà.
Le monde est vaste et tu devrais sortir de ce piège de 3 guerres.
tu es intelligente, mais tu es jeune et passionnée et tu es de ton temps.
Et ma nièce,
je pense que tu es assez intelligente pour me répondre toute seule, sans aide extérieure. J'ai bien vu que tu n'es pas l'auteur de la moitié de ton message. Il y a, dans cette écriture, une arrogance qui n'est pas la tienne.
Il n'y a pas que la liberté de porter le voile ou non dans la vie. Il y a surtout la liberté de penser. Si tu perds cette liberté-là, il ne restera rien de qui tu es, toi, réellement.

Ta tata qui t'aime beaucoup. "



Dieu fait peur.
Le Diable passionne.


Et le reste est littérature.

samedi 6 février 2010

Les paysages libres de lumière.















Hergla, vendredi février 2010, pas de soleil, lumière magnifique. Je suis descendue de voiture, mon téléphone était, encore une fois, sur la mauvaise résolution...
J'aime quand la Tunisie ne ressemble pas à la Tunisie quand le soleil ne vient pas aveugler les paysages et que la mer prend le ciel pour miroir.

mardi 2 février 2010

Quand l'Islam se terre en terre d'Islam.

L'Islam serait-il devenu une secte?
Vous l'aurez constaté, ces dernières années, à peine prononcez-vous le mot Islam qu'il vous faut tout de suite prendre des pincettes,des gants, peser vos mots, freiner votre sens critique, à défaut de quoi, une grande majorité de "musulmans" et de non musulmans hyper tolérants et ne voulant pas se faire qualifier d'islamophobes sortent non pas de gants mais des gants de boxes, ni des pincettes mais des sécateurs, des haches, et de l'écume de rage se voit un peu sur les coins de leurs lèvres.
Moi-même j'ai un propos un peu violent ici, et pour cause, dernièrement, à chaque fois que le sujet "Islam" est abordé je me fais jeter avec une telle violence que j'associe systématiquement tout propos sur le sujet à une attaque que je lancerais sans même m'en rendre compte ou que je subirai forcément sans l'avoir cherchée.
En ce moment même et en écrivant ces mots, je tâtonne, je m'énerve, je m'affole. Ce n'est pas tant que j'aie l'impression de toucher à quelque chose de sacré, d'intouchable, loin de là, c'est surtout que je sens que je touche à des personnes, que j'offense par l'utilisation même du mot "Islam" toutes ces personnes qui se sentent un devoir vital, existentiel de brandir épées et corans dès que l'on émette une intention quelconque d'une possibilité infime que leur façon de pratiquer cette religion, de considérer le monde non musulman soit un chouaya irrationnelle, intolérante ou exagérée.
Je tente de rassembler mes esprits car leur passion m'affecte et affecte ma limpidité, ma lucidité, mon opinion.
Tout le problème réside justement en cela. Ce que je trouve dérangeant et aliénant quand j'en viens à l'Islam ce n'est pas tant la religion, que ceux qui la pratiquent mal. Ceux qui la défigurent, ceux qui sont prêts à tuer (je ne sais pas si j'exagère...) s'ils décèlent un quelconque penchant pour la liberté de penser. Ces gens qui se sont tous auto-proclamés défenseurs de l'islam et qui se passionnent, se démènent avec une telle fougue dès lors que l'on aborde le sujet, ces gens-là ont fait de l'Islam ce qu'il n'est pas, ils l'ont transformé en secte.
Alors, que les choses soient bien claires. Les musulmans "normaux" ceux qui font leurs prières, jeunent etc, ceux qui ne vous sautent pas au cou quand vous émettez une petite réserve sur le mariage des petites filles de 9 ans ou des bébés, ceux-là ne posent aucun problème, ceux-là n'ont pas confondu religion et secte.
J'utilise le mot secte à bon escient.
Si l'on regarde le comportement des musulmans "sectaires", on y voit des similitudes avec celui des adeptes des sectes les plus dangereuses et les plus connues comme la Scientologie par exemple. Ce lobbyisme perpétuel selon lequel ils seraient persécutés par le monde entier, cette conviction profonde selon laquelle ils sont en possession de la vérité absolue (conviction commune à toutes les religions, il est vrai..), ce besoin de mettre en avant des personnalités publiques connues (Tom Cruise pour la Scientologie, Mike Tyson, Med Ali Klay et Cat stevens pour les "musulmans"), tout cela relève des pratiques sectaires et non pas religieuses. La religion étant une composante intime de la vie d'un individu et justement, là on n'est plus dans l'individualité, mais dans le communautarisme (en Europe, parmi les populations immigrées) ou dans une sorte de nationalisme religieux (Oumma) où la croyance commune serait le seul ciment.
Je ne vois pas une grande différence entre un suicide collectif des adeptes du Temple du Peuple et l'endoctrinement des kamikazes chez les islamistes (bien entendu, on m'objectera les raisons de guerre, de politique, l'intolérable situation du peuple palestinien. Mais soyons réalistes, jamais un attentat kamikaze n'a apitoyé le monde sur les irakiens ni sur les palestiniens. Pour 3 Israeliens tués, des milliers de palestiniens sont bombardés, les irakiens ne font que tuer des musulmans dans leurs attentats.)
Je ne vois pas une grande différence entre Räel ou un quelconque Gourou qui s'enrichit sur le dos de ses adeptes et un Amr Khaled ou un quelque autre prédicateur célèbre s'enrichissant grâce à ses talents d'orateur, ou grâce à la vague de crise existentielle des peuples arabo-musulmans qui ne trouvent de raison de vivre que dans la pratique sectaire d'une religion.
La frénésie de la fin du monde, de l'approche du jugement dernier, de la "torture tombale" (Aazeb el kabr, excusez la traduction...) reste semblable aux délires apocalyptiques de la plupart des sectes et de leur "préparation" à la "vie d'après".
Je n'ai rien contre les principes mêmes de la vie après la mort, de l'idée du jugement dernier mais je trouve inacceptable l'instrumentalisation de ces concepts pour endormir des peuples entiers, pour corrompre l'évolution, l'épanouissement des jeunesses arabes et musulmanes.
Le code vestimentaire est également une composante des la vie des sectes. On l'a dit et répété, le voile, le nikab, toutes sortes d'étoffes, de sacs, de papier alu pour camoufler le corps d'une femme, tout cela ne fait pas partie de l'islam, ne fait pas partie des traditions de tous les pays et on nous objecte quand-même que pour être une "vraie" musulmane il faudrait se plier à des traditions venues d'ailleurs. Venues d'où? Proposées et imposées par qui? Les gourous.
Ailleurs dans le monde, les gens "normaux" ont peur de voir leurs enfants se faire endoctriner par les sectes. Combien d'entre nous, d'entre vous, ont-ils peur de voir leur fils, leur fille, leur sœur, leur frère, voisin, cousin, ami se faire enrôler par les islamistes? Le procédé est le même. Sauf que chez nous la chose est pire. Chez nous tout cela prend naissance dans une religion qui, dans son essence, reste noble. Dans ses principes d'égalité, de loyauté, d'entraide, de respect d'autrui, l'Islam est une religion qui est en réalité tolérante, facile, ouverte.
C'est en se rattachant, de façon malhonnête et fausse, à l'Islam dans tous ses aspects positifs que l'Islam sectaire a pris de l'ampleur, se nourrissant de l'ignorance, de la peur de l'inconnu, de la culture de la censure (on ne touche pas au Sacré...), de l'interdiction de penser librement, de la douleur de centaines de millions de personnes frustrées économiquement, politiquement, sexuellement, intellectuellement.
Dans des sociétés dominées par une secte puissante, quelle place pour la religion? Si être musulman sans être dans la secte fait du musulman un non-croyant à convertir, quelle force de caractère, quelle foi faut-il avoir pour résister? La seule façon d'échapper à ce poison, et Bourguiba le savait, c'est l'enseignement. Mais l'enseignement de qualité. La culture.
L'Islam des sectes réfute les sciences, interdit le savoir. Car il le sait, le savoir entretient la foi, la protège des dérives, l'éclaire. La seule culture permise (comme dans tous les intégrismes religieux) c'est la culture autorisée et véhiculée par les "gourous".
On dit toujours que la foi c'est une affaire de cœur. Les sectes islamistes isolent bien de cœur de la tête, comme ils isolent les musulmans du reste du monde.
Et sans tête, sans la raison, le plus beau des amours devient une folie.

Et le reste est littérature.