vendredi 18 novembre 2011

Les TD de Civilisation


Au sein des facultés, la composition d'un groupe de TD est assez représentative de la composition sociale, du moins des résultats des élections.
Généralement, au premier rang, vous avez 2, 3 si vous êtes bien tombé, étudiants brillants. Bon niveau, bonne culture générale. Ceux-là votent PDP ou PDM.
Au deuxième rang, 5 étudiants, d'une façon générale du coté droit de la salle de cours (je suis sérieuse) et tous les 5 (toutes les 5, en Lettres nous avons surtout des filles) de Sidi Bouzid. Elles votent Aridha.
Deuxième rang, collées les unes aux autres, 4 étudiantes cheveux sous brushing d'une semaine, se prenant pour des rebelles parce qu'elles osent du maquillage mauve turquoise argenté, sont convaincues d'être moins mauvaises que les autres. Elles votent CPR.
Au troisième rang, il y a un seul étudiant, accompagné parfois de l'étudiant qui sèche tout le temps et qui vient une fois par semestre pour avoir une idée sur ce qu'il rate. L'étudiant du milieu de la salle, généralement assez moyen c'est l'hypocrite de service. C'est celui qui vient vous voir à l'approche de la remise des notes en vous disant que vous êtes le meilleur prof de la fac, que votre TD est le seul auquel il assiste et vous balance à la fin "madame sa3edna 3ad fil notet". De toute évidence, il vote Takattol.
Tous ceux qui restent, éparpillés entre la première, deuxième et dernières rangées de la salle sont des êtres relativement quelconques, sans aucun niveau, ne parlant aucune langue, ne maîtrisant ni l'arabe, ni le français et confondent l'anglais avec l'allemand, à 60% de filles voilées et un mec avec une alliance en argent (passée au doigt par une petite amie halal trop jalouse), qui vous regardent d'un regard bovin et font de la résistance à toute forme d'instruction ou d'apprentissage. C'est l'électorat Nahdha. 

Du temps de Ben Ali, lorsque je me hasardais à une séance de "débats" ou que j'obligeais les étudiants à donner une opinion (qu'il n'ont pas) je rentrais chez moi en disant à mes proches "vous savez quoi, heureusement qu'ils ne votent pas!"

Maintenant ils votent.
On a la démocratie qu'on mérite, celle de la génération de Zaba, des Z'abrutis.

Et le reste est littérature.

2 commentaires:

  1. Magnifique! Quelle éloquence! Je ne suis enseignante moi-même, mais C'est aussi l'impression que je me suis faite en parlant a de nombreux jeunes qui fréquentent l'université (i.e. étudiants-es)

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