mardi 15 décembre 2009

Avoir conjugué le verbe aimer.

Ceux qui utilisent Facebook savent que parmi les informations que l'on peut remplir, il y a celle sur le "relationship status", cette information concerne notre disponibilité sentimentale. Pour cela, vous avez le choix entre "marié", "célibataire", "en couple", "c'est compliqué", etc. Je me demande pourquoi il n'y a pas sur FB un relationship status "in love". Il n'y a que des étiquettes. Il n'y a que des "choix de réponse" qui marquent ou non un engagement alors que le plus grand des engagements, en réalité, c'est le fait d'être amoureux.

Quand on a aimé intensément quelqu'un, peut-on réellement cesser de l'aimer quand-bien-même serait-on en relation avec une autre personne, voire marié avec une autre personne que celle que l'on a aimé? Et lorsque l'on aime follement et profondément quelqu'un peut-on s'estimer libre dans sa tête, dans son cœur, pour fréquenter quelqu'un d'autre? Ne peut-on que survivre, ou faire semblant de vivre normalement en attendant que le temps passe, que l'on oublie un peu, ou que l'on s'habitue. Implorer sa raison de prendre le dessus, par désillusion, par douleur, par dépit, par courage ou par masochisme. Regarder une autre personne dans les yeux, lui sourire en retenant sa respiration comme lorsqu'on s'apprête à éprouver une grande douleur, la douleur de savoir que derrière ce regard-là ce sont d'autres yeux que l'on cherche, d'autres sourires, une autre voix, d'autres souvenirs. Puiser dans le souvenir de cet amour intense la tendresse que l'on s'apprête à donner à une personne autre, qui, peut-être nous regarde-t-elle aussi en nous noyant de la tendresse qu'elle trouve dans le souvenir d'un grand amour qu'elle a perdu.

On avait demandé à la chanteuse libanaise Julia Boutros pourquoi elle était passée du registre de la chanson engagée à celui de la chanson d'amour et elle avait répondu "car j'ai découvert que le plus grand des engagements est l'amour."

Aimer, et avoir aimé, c'est au fond la même chose. Avoir aimé c'est le seul participe passé à valeur de passé, de présent et de futur.

Il y a peut-être une vie après la mort mais il n'y a pas de vie après l'amour.

Aimer.

Le reste est littérature.

mardi 1 décembre 2009

Le mal que l'on nous fait et le bien que l'on nous apprend.

Nous sommes nombreux, et pourtant minoritaires, à avoir grandi dans un milieu "propre" protégé, sain, saint, où l'on ne ment pas, on ne juge pas, où l'on culpabilise rapidement au moindre faux pas, à la moindre petite agressivité.
Et puis voilà que nous grandissons, et que très vite, dès l'école primaire, nous sommes confrontés aux "autres", les autres pour qui tout est permis, pour qui mensonge, hypocrisie et trahison sont une éducation autant que la sincérité et la loyauté le sont pour nous, et sont même davantage qu'une éducation, une discipline de vie, une façon d'être, d'exister de se définir au sein d'une société.
Nous sommes choqués, étonnés, par ces "autres", nous en parlons et l'on nous dit que nous sommes "meilleurs" qu'eux, que nous ne devons pas nous en encombrer, juste nous en éloigner.
Mais ces autres sont finalement mieux armés que nous parce qu'ils sont entre eux, au sein d'une société qui fonctionne sur le mensonge, la trahison et l'hypocrisie. Ils ont moins de mal à se faire une place, moins de mal à réussir. Normal, puisqu'ils ne s'encombrent d'aucune morale, d'aucune retenue.
On nous a appris enfants, à nous en éloigner. Mais il fallait nous apprendre à nous en méfier, car nous sommes, nous, cette nombreuse minorité "bien élevée", leur proie préférée.
Ils savent qu'ils peuvent nous insulter sans que nous puissions leur répondre, qu'ils peuvent nous mentir sans que nous puissions les confronter, qu'ils peuvent nous trahir sans que nous osions nous venger. Ils savent que si nous sommes "meilleurs" qu'eux en principe, ils sont de loin meilleurs que nous dans la pratique.
Comment réagir alors? comment faire face à ces gens-là? comment faire lorsque l'on est blessé, trahi, poignardé? Devons-nous nous en remettre à quelque volonté divine? un retour de bonnes ou de mauvaises énergies? à notre bonne étoile? laquelle de nos superstitions nous sauvera-t-elle? nous vengera-t-elle? Puisque nous ne savons pas nous défendre, nous ne savons pas insulter, trahir, mentir?
Quelle frustration de devoir rester là à ruminer sa colère et sa douleur, de se sentir pris pour un idiot. Quel malaise lorsque nous osons enfin nous défendre, un tant soit peu, quel sentiment pénible de sentir que l'on s'est rabaissé, que l'on s'est sali.
Comment faire. Je l'ignore. Comment éduquer nos enfants pour qu'ils aient nos valeurs et qu'ils ne se fassent pas piétiner par ceux qui n'en ont aucune?

Nous devons confronter ce qu'on nous a appris à ce que la vie nous apprend.
Mais le mal surprend toujours.

Et le reste est littérature.