dimanche 24 juin 2012
lundi 26 mars 2012
Que nos voix s'unissent pour condamner definitivement!
A vous messieurs qui nous gouvernez, à vous qui représentez la majorité parlementaire, à vous qui avez la légitimité populaire, la Tunisie est blessée, la Tunisie est à terre, la Tunisie est moribonde allez vous laisser une bande de traine savate, une bande « repris de justesse » menés par des prédicateurs débordant de haine, de bave venimeuse, animée par une soif de sang, donner l’estocade à notre pays ?
C’est un tunisien ordinaire qui s’adresse à vous aujourd’hui, un tunisien comme 11 million d’autre, un tunisien qui ne rêve que de paix et de prospérité pour son pays.
Aujourd’hui, au cours d’une démonstration et d’un déballage de haine, un homme s’adressant à une foule de jeunes déguisés selon un thème moyenâgeux, a appelé une fois encore au meurtre des juifs.
Cela n’était pas la première démonstration de ce type dans notre pays depuis le mois de janvier dernier, cela s’est reproduit à plusieurs reprises. Personne n’osait y croire au début, on a souvent pensé qu’il y avait un amalgame maladroit entre juifs et sionistes, il y a eu des condamnations et au bout de la énième fois, on peut légitimement penser qu’il ne s’agit nullement d’un amalgame, mais que cet homme appelait bel et bien au meurtre d’un groupe de personnes, d’un groupe de tunisiens, une communauté attachée à cette terre qui les a vu naitre, qui a vu naitre leurs parents, les parents de leurs parents en remontant à des dizaines voir des centaines de générations.
Doit-on une fois de plus attendre un semblant de condamnation du bout des lèvres, une condamnation ferme et définitive ou un arrêté d’expulsion tel qu’Isabelle de castille et Ferdinand d’ Aragon en avaient eu le courage.
Je crois sincèrement qu’aujourd’hui, l’état tunisien, cet état qui me représente autant qu’il représente les 1500 juifs de Tunisie et les 11 million de Tunisiens avec eux, doit vraiment se confronter à ses démons, et affronter ses responsabilités. Cet état qui a été mis en place au nom de la démocratie et la dignité permettra t il encore que des enfants gâtés, des enfants terribles dictent leur lois et sèment la terreur et la panique dans notre pays ?
Au nom de cette dignité, au nom de cette démocratie naissante, au nom de l’amour que nous pouvons tous avoir pour notre pays réagissez monsieur le Président de la République, réagissez, monsieur le Premier Ministre, réagissez monsieur le Président de l’Assemblée avant qu’il ne soit trop tard et qu’un « fou » décide de prendre au mot les élucubrations de ce prédicateur hystérique !
Croyez messieurs en mon dévouement et mon amour pour ma patrie.
Gilles Jacob Lellouche
Un tunisien ordinaire
Comme d'autres blogueurs et un grand nombre de citoyens tunisiens, je m'unis à cet appel contre la violence et l'appel à la haine publié par Gilles Jacob Lellouche, un tunisien ordinaire, comme il le dit lui-même, un tunisien comme je suis tunisienne, un tunisien menacé de mort par les salafistes, parce qu'il est juif, comme d'autres tunisiens le sont parce que ce sont des femmes, ou des artistes, ou tout simplement, parce que leur idéologie n'est pas celle de la haine.
Aujourd'hui nous unir est une question de survie, de la nôtre et de celle de notre Nation.
Notre pays a besoin de nous et nous avons besoin de lui.
Mobilisons-nous contre la haine, mobilisons-nous pour expliquer à ceux qui ne comprennent pas encore ce qui se trame contre ce beau pays qu'ils ne doivent pas rester les bras croisés.
Le reste est politique,
Le reste est littérature.
C’est un tunisien ordinaire qui s’adresse à vous aujourd’hui, un tunisien comme 11 million d’autre, un tunisien qui ne rêve que de paix et de prospérité pour son pays.
Aujourd’hui, au cours d’une démonstration et d’un déballage de haine, un homme s’adressant à une foule de jeunes déguisés selon un thème moyenâgeux, a appelé une fois encore au meurtre des juifs.
Cela n’était pas la première démonstration de ce type dans notre pays depuis le mois de janvier dernier, cela s’est reproduit à plusieurs reprises. Personne n’osait y croire au début, on a souvent pensé qu’il y avait un amalgame maladroit entre juifs et sionistes, il y a eu des condamnations et au bout de la énième fois, on peut légitimement penser qu’il ne s’agit nullement d’un amalgame, mais que cet homme appelait bel et bien au meurtre d’un groupe de personnes, d’un groupe de tunisiens, une communauté attachée à cette terre qui les a vu naitre, qui a vu naitre leurs parents, les parents de leurs parents en remontant à des dizaines voir des centaines de générations.
Doit-on une fois de plus attendre un semblant de condamnation du bout des lèvres, une condamnation ferme et définitive ou un arrêté d’expulsion tel qu’Isabelle de castille et Ferdinand d’ Aragon en avaient eu le courage.
Je crois sincèrement qu’aujourd’hui, l’état tunisien, cet état qui me représente autant qu’il représente les 1500 juifs de Tunisie et les 11 million de Tunisiens avec eux, doit vraiment se confronter à ses démons, et affronter ses responsabilités. Cet état qui a été mis en place au nom de la démocratie et la dignité permettra t il encore que des enfants gâtés, des enfants terribles dictent leur lois et sèment la terreur et la panique dans notre pays ?
Au nom de cette dignité, au nom de cette démocratie naissante, au nom de l’amour que nous pouvons tous avoir pour notre pays réagissez monsieur le Président de la République, réagissez, monsieur le Premier Ministre, réagissez monsieur le Président de l’Assemblée avant qu’il ne soit trop tard et qu’un « fou » décide de prendre au mot les élucubrations de ce prédicateur hystérique !
Croyez messieurs en mon dévouement et mon amour pour ma patrie.
Gilles Jacob Lellouche
Un tunisien ordinaire
Comme d'autres blogueurs et un grand nombre de citoyens tunisiens, je m'unis à cet appel contre la violence et l'appel à la haine publié par Gilles Jacob Lellouche, un tunisien ordinaire, comme il le dit lui-même, un tunisien comme je suis tunisienne, un tunisien menacé de mort par les salafistes, parce qu'il est juif, comme d'autres tunisiens le sont parce que ce sont des femmes, ou des artistes, ou tout simplement, parce que leur idéologie n'est pas celle de la haine.
Aujourd'hui nous unir est une question de survie, de la nôtre et de celle de notre Nation.
Notre pays a besoin de nous et nous avons besoin de lui.
Mobilisons-nous contre la haine, mobilisons-nous pour expliquer à ceux qui ne comprennent pas encore ce qui se trame contre ce beau pays qu'ils ne doivent pas rester les bras croisés.
Le reste est politique,
Le reste est littérature.
vendredi 18 novembre 2011
Les TD de Civilisation
Au sein des facultés, la composition d'un groupe de TD est assez représentative de la composition sociale, du moins des résultats des élections.
Généralement, au premier rang, vous avez 2, 3 si vous êtes bien tombé, étudiants brillants. Bon niveau, bonne culture générale. Ceux-là votent PDP ou PDM.
Au deuxième rang, 5 étudiants, d'une façon générale du coté droit de la salle de cours (je suis sérieuse) et tous les 5 (toutes les 5, en Lettres nous avons surtout des filles) de Sidi Bouzid. Elles votent Aridha.
Deuxième rang, collées les unes aux autres, 4 étudiantes cheveux sous brushing d'une semaine, se prenant pour des rebelles parce qu'elles osent du maquillage mauve turquoise argenté, sont convaincues d'être moins mauvaises que les autres. Elles votent CPR.
Au troisième rang, il y a un seul étudiant, accompagné parfois de l'étudiant qui sèche tout le temps et qui vient une fois par semestre pour avoir une idée sur ce qu'il rate. L'étudiant du milieu de la salle, généralement assez moyen c'est l'hypocrite de service. C'est celui qui vient vous voir à l'approche de la remise des notes en vous disant que vous êtes le meilleur prof de la fac, que votre TD est le seul auquel il assiste et vous balance à la fin "madame sa3edna 3ad fil notet". De toute évidence, il vote Takattol.
Tous ceux qui restent, éparpillés entre la première, deuxième et dernières rangées de la salle sont des êtres relativement quelconques, sans aucun niveau, ne parlant aucune langue, ne maîtrisant ni l'arabe, ni le français et confondent l'anglais avec l'allemand, à 60% de filles voilées et un mec avec une alliance en argent (passée au doigt par une petite amie halal trop jalouse), qui vous regardent d'un regard bovin et font de la résistance à toute forme d'instruction ou d'apprentissage. C'est l'électorat Nahdha.
Du temps de Ben Ali, lorsque je me hasardais à une séance de "débats" ou que j'obligeais les étudiants à donner une opinion (qu'il n'ont pas) je rentrais chez moi en disant à mes proches "vous savez quoi, heureusement qu'ils ne votent pas!"
Maintenant ils votent.
On a la démocratie qu'on mérite, celle de la génération de Zaba, des Z'abrutis.
Et le reste est littérature.
mercredi 12 octobre 2011
Etoile, étoiles.
Parce que nous ne pouvions même pas rêver d'afficher nos positions, savourons aujourd'hui nos différences, l'existence de choix politiques, la mise en avant d'idéaux, nos rêves de justice, nos désirs d'avenir, la liberté retrouvée, liberté exprimée.
J'ai fait mon choix.
Faites le vôtre et criez-le haut et fort.
Tant que nous pouvons encore crier nos choix et nos pensées haut et fort et pour que nous puissions continuer à le faire, VOTEZ.
Et le reste est littérature.
J'ai fait mon choix.
Faites le vôtre et criez-le haut et fort.
Tant que nous pouvons encore crier nos choix et nos pensées haut et fort et pour que nous puissions continuer à le faire, VOTEZ.
Et le reste est littérature.
dimanche 31 juillet 2011
Sortons de notre bulle.
La révolution de la dignité, faite pour réclamer une vie décente.
Le nerf de la guerre est là, il y a des gens qui ont faim, des gens qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts, des gens qui doivent choisir entre le lait et le pain; ces gens-là Ennahdha va vers eux directement. Ils sont prêts à monnayer leur voix parce que leurs besoins immédiats font qu'ils ne vont pas pousser la réflexion. Qui ici sait-il ce que c'est que d'avoir faim, d'avoir froid, de ne pas pouvoir donner un crouton de pain à son gosse, de ne pas pouvoir lui acheter un médicament quand il est malade? Qui sait ce que c'est de ne pouvoir dormir la nuit parce que el 3attar lui a demandé de payer son kridi de 13 dinars. Il y a une Tunisie que les partis oublient dans leurs programmes et dans leurs discours. Et c'est avec ça que nahdha peut conquérir des voix.
Nous pourrons crier au loup tant que nous voudrons, organiser des marches pour la liberté d'expression, contre la violence; cela ne remplira pas les ventres vides, ce sont des combats que les gens qui tentent de survivre ne peuvent pas comprendre. Un ventre qui gargouille ne cherche pas à exprimer d'opinion mais un besoin. Si nous voulons protéger la fragile liberté, nous devons sortir de notre bulle. Nous donnons l'impression d'être des bourgeois intellos qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Ben Ali a tenu le pays de deux façons: via le réseau impressionnant du RCD il a réussi à viser ceux qui avaient faim, avec tous les travers que nous connaissons, le super pouvoir des mo3tamdin et compagnie, le léchage de bottes systématique, la mentalité opportuniste, etc et par la peur, la peur du policier, la peur de la torture, de la prison, du fisc vengeur. Certains disent que Nahdha est entrain de récupérer les réseaux du RCD, en tous cas, ils ont récupéré ses méthodes, ils remplissent les ventres. Combien d'entre nous ont entendu une femme de ménage, un gardien dire qu'il regrettait Ben Ali? Les gens simples voient que sous Ben Ali il mangeaient, ils vivaient en sécurité. L'autre jour, notre femme de ménage m'a dit "je ne savais pas qu'il nous volait, mais au moins nous vivions normalement, maintenant tout le monde nous vole, je ne peux plus rien acheter, les fruits et légumes sont hors de prix, la viande aussi, mon fils ne vend plus rien parce que des marchands ambulants sont devant sa boutique, je ne vois pas en quoi il était mauvais Ben Ali."
La réponse que donne ennahdha à ces gens-là:" El bled yelzemha wa7ed y5af rabbi."
Que nous le voulions ou pas, Nahdha a tout compris au tunisien moyen, comme Ben Ali, elle va entendre les ventres affamés et leur donner à manger, les aider à se marier, etc. Et comme Ben Ali, elle a compris que le tunisien se gouverne par la peur, alors elle n'hésite pas et de la peur elle en sert à la carte! Aux gens simples elle utilise la peur de Dieu, si vous ne votez pas pour nous, c'est que vous êtes contre l'islam. Aux commerçants, c'est la peur de la violence: si vous ouvrez pendant ramadan, nous attaquons vos cafés et restaurants; si vous vendez de l'alcool, nous lâcherons nos chiens sur vous. Aux femmes qui travaillent ils viennent les coller dans le bus et les menacent: si tu ne reste pas chez toi, je vais te tuer; si tu ne portes pas le hihan, je vais te lacérer le visage, etc. Aux intellectuels, si vous vous exprimez, nous brulerons cinema et librairies;si vous faites trop de bruit, nous ferons une campagne de diffamation sur internet. Aux politiciens: si vous ne nous soutenez pas, nous diront que vous êtes des anciens de Ben Ali, que vous étiez la fausse opposition. Et ainsi va le monde chez Nahdha.
Et les gens, en majorité s'exécutent, les commerçants préfèrent fermer, les femmes se couvrent, etc.
Le ventre (au sens large) et la peur. Zaba a duré 23 ans avec ça et toute sa famille a terrorisé les gens et bien rares sont ceux qui ont osé s'opposer (en restant en Tunisie parce que militer de l'étranger, c'est un peu trop facile et confortable). Ajoutez a cela la donnée Dieu et vous verrez pourquoi Nahdha est sure d'elle. Ils ne vont pas gagner les élections qui viennent, c'est probable mais si les partis politiques continuent dans leur léthargie et dans des discours et actions qui ne touchent pas tunisien moyen, dans 5 ans, 10 ans, nous serons, nous, intellos embourgeoisés entrain de faire la queue devant les ambassades et les plus téméraires, seront dans les fameuses caves à se faire convertir billati hiya a7san par un barbu mal intentionné.
Ceux qui sont morts sous les balles de la police de Zaba étaient sortis dans la rue pour réclamer du travail,de la dignité.
D'un coté maintenant nous avons ceux qui sortent dans la rue pour réclamer la laïcité et de l'autre ceux qui sortent pour réclamer l'instauration de la charia. Qui est sorti pur réclamer que les véritables objectifs des gens affamés et de ceux qui sont morts soient réalisés?
Et pourquoi pas une marche pour dire que dans notre inquiétude pour notre liberté d'expression nous n'avons pas oublié les gens qui ont peur de ne pas pouvoir manger demain?
Quelle image donne Nahdha de ces marches?
Parce que ce que nous avons tendance à oublier, c'est que Nahdha a un système de communication infaillible. Tout d'abord, le syndicat de la fameuse Wataniya est nahdhaoui, bientôt, elle s'appellera Islamya. D'autres part, encore une fois, Nahdha exploite l'une des traditions de la société tunisienne: la rumeur, le on dit que. Le tunisien prend ses informations dans le café du coin, il ne les vérifie pas, les prends pour acquises et admises. Il te dira avec conviction: " ya weldi illi 9alli ma yekthebch"
Vous avez beau faire toutes les affiches du monde, des spots radio, si vous n'avez pas des "agents" dans les cafés et les quartiers populaires ou même dans les cafés des quartiers huppés ou moyens,vous n'avez rien. Prenez une personne qui voit une affiche du Takatol, elle en parle dans le café, et quelqu'un lui dit "a5tak ya weldi rahom jme3a koffar, tab3in ezzine, 3arfhom ma5ou weld Bent 3am wa7ed mil trabelsiya" etc. Qui ira vérifier?
Cessons de crier au loup entre nous, de poster des caricatures et des articles comme celui-ci en croyant que nous sommes entrain de militer et que nous n'avons pas à avoir peur. Les choses ne se jouent pas aujourd'hui mais sur les années à venir.
Je suis en colère contre les partis politiques qui sont entrain de tirer le drap chacun de son coté et ont tous oublié bien vite que la priorité ce ne sont pas les élections, la priorité c'est le Tunisien. Le PDP qui veut faire cavalier seul, Chebbi qui risque de regretter bien fort de pêcher par excès de confiance; Marzouki qui vend son âme au diable;ils font tous les choux gras de Nahdha et participent à asseoir sa notoriété.
Je cherche depuis le 14 janvier auprès de quel parti je vais m'engager, je veux agir. Aucun parti ne me semble convaincant, aucun ne me semble se soucier tellement du pays. Je ne suis pas naïve, je sais bien qu'en politique on ne pense qu'au pouvoir. Mais nous vivons des moments exceptionnels, le monde nous regarde. Nous allons devenir un exemple, ne devenons pas le mauvais exemple.
Aux apprentis politiciens, pour l'amour de la Tunisie ne tentez pas de conquérir le pouvoir maintenant, faites votre apprentissage de la politique dans les années à venir. Si vous continuez comme cela, vous redeviendrez bien vite une opposition de l'ombre à l'ombre des islamistes. Et pourtant nous les savons, le tunisien est un bon vivant, le tunisien n'est pas fait pour vivre dans un système islamiste. Mais nous le savons aussi, le tunisien est paradoxal et il est toujours à la poursuite de son intérêt. Peu importe la vérité pour lui, il n'aime que la vérité qui l'arrange et cette vérité là, les innombrables militants de Nahdha est entrain de la construire jour après jour et ils ont du souffle ces gens-là car leur amour du pouvoir est plus grand que leur amour pour Dieu.
Et je vais finir sur une note par très classe et j'assume.
On était tenus par une hajjema et maintenant les politiciens yet3almou fil 7jema fi rouss il ytema. Brabbi changez de modèle. Yezzina mil 7jema, apprenez à aimer et à servir un pays.
Et le reste est littérature.
Le nerf de la guerre est là, il y a des gens qui ont faim, des gens qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts, des gens qui doivent choisir entre le lait et le pain; ces gens-là Ennahdha va vers eux directement. Ils sont prêts à monnayer leur voix parce que leurs besoins immédiats font qu'ils ne vont pas pousser la réflexion. Qui ici sait-il ce que c'est que d'avoir faim, d'avoir froid, de ne pas pouvoir donner un crouton de pain à son gosse, de ne pas pouvoir lui acheter un médicament quand il est malade? Qui sait ce que c'est de ne pouvoir dormir la nuit parce que el 3attar lui a demandé de payer son kridi de 13 dinars. Il y a une Tunisie que les partis oublient dans leurs programmes et dans leurs discours. Et c'est avec ça que nahdha peut conquérir des voix.
Nous pourrons crier au loup tant que nous voudrons, organiser des marches pour la liberté d'expression, contre la violence; cela ne remplira pas les ventres vides, ce sont des combats que les gens qui tentent de survivre ne peuvent pas comprendre. Un ventre qui gargouille ne cherche pas à exprimer d'opinion mais un besoin. Si nous voulons protéger la fragile liberté, nous devons sortir de notre bulle. Nous donnons l'impression d'être des bourgeois intellos qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Ben Ali a tenu le pays de deux façons: via le réseau impressionnant du RCD il a réussi à viser ceux qui avaient faim, avec tous les travers que nous connaissons, le super pouvoir des mo3tamdin et compagnie, le léchage de bottes systématique, la mentalité opportuniste, etc et par la peur, la peur du policier, la peur de la torture, de la prison, du fisc vengeur. Certains disent que Nahdha est entrain de récupérer les réseaux du RCD, en tous cas, ils ont récupéré ses méthodes, ils remplissent les ventres. Combien d'entre nous ont entendu une femme de ménage, un gardien dire qu'il regrettait Ben Ali? Les gens simples voient que sous Ben Ali il mangeaient, ils vivaient en sécurité. L'autre jour, notre femme de ménage m'a dit "je ne savais pas qu'il nous volait, mais au moins nous vivions normalement, maintenant tout le monde nous vole, je ne peux plus rien acheter, les fruits et légumes sont hors de prix, la viande aussi, mon fils ne vend plus rien parce que des marchands ambulants sont devant sa boutique, je ne vois pas en quoi il était mauvais Ben Ali."
La réponse que donne ennahdha à ces gens-là:" El bled yelzemha wa7ed y5af rabbi."
Que nous le voulions ou pas, Nahdha a tout compris au tunisien moyen, comme Ben Ali, elle va entendre les ventres affamés et leur donner à manger, les aider à se marier, etc. Et comme Ben Ali, elle a compris que le tunisien se gouverne par la peur, alors elle n'hésite pas et de la peur elle en sert à la carte! Aux gens simples elle utilise la peur de Dieu, si vous ne votez pas pour nous, c'est que vous êtes contre l'islam. Aux commerçants, c'est la peur de la violence: si vous ouvrez pendant ramadan, nous attaquons vos cafés et restaurants; si vous vendez de l'alcool, nous lâcherons nos chiens sur vous. Aux femmes qui travaillent ils viennent les coller dans le bus et les menacent: si tu ne reste pas chez toi, je vais te tuer; si tu ne portes pas le hihan, je vais te lacérer le visage, etc. Aux intellectuels, si vous vous exprimez, nous brulerons cinema et librairies;si vous faites trop de bruit, nous ferons une campagne de diffamation sur internet. Aux politiciens: si vous ne nous soutenez pas, nous diront que vous êtes des anciens de Ben Ali, que vous étiez la fausse opposition. Et ainsi va le monde chez Nahdha.
Et les gens, en majorité s'exécutent, les commerçants préfèrent fermer, les femmes se couvrent, etc.
Le ventre (au sens large) et la peur. Zaba a duré 23 ans avec ça et toute sa famille a terrorisé les gens et bien rares sont ceux qui ont osé s'opposer (en restant en Tunisie parce que militer de l'étranger, c'est un peu trop facile et confortable). Ajoutez a cela la donnée Dieu et vous verrez pourquoi Nahdha est sure d'elle. Ils ne vont pas gagner les élections qui viennent, c'est probable mais si les partis politiques continuent dans leur léthargie et dans des discours et actions qui ne touchent pas tunisien moyen, dans 5 ans, 10 ans, nous serons, nous, intellos embourgeoisés entrain de faire la queue devant les ambassades et les plus téméraires, seront dans les fameuses caves à se faire convertir billati hiya a7san par un barbu mal intentionné.
Ceux qui sont morts sous les balles de la police de Zaba étaient sortis dans la rue pour réclamer du travail,de la dignité.
D'un coté maintenant nous avons ceux qui sortent dans la rue pour réclamer la laïcité et de l'autre ceux qui sortent pour réclamer l'instauration de la charia. Qui est sorti pur réclamer que les véritables objectifs des gens affamés et de ceux qui sont morts soient réalisés?
Et pourquoi pas une marche pour dire que dans notre inquiétude pour notre liberté d'expression nous n'avons pas oublié les gens qui ont peur de ne pas pouvoir manger demain?
Quelle image donne Nahdha de ces marches?
Parce que ce que nous avons tendance à oublier, c'est que Nahdha a un système de communication infaillible. Tout d'abord, le syndicat de la fameuse Wataniya est nahdhaoui, bientôt, elle s'appellera Islamya. D'autres part, encore une fois, Nahdha exploite l'une des traditions de la société tunisienne: la rumeur, le on dit que. Le tunisien prend ses informations dans le café du coin, il ne les vérifie pas, les prends pour acquises et admises. Il te dira avec conviction: " ya weldi illi 9alli ma yekthebch"
Vous avez beau faire toutes les affiches du monde, des spots radio, si vous n'avez pas des "agents" dans les cafés et les quartiers populaires ou même dans les cafés des quartiers huppés ou moyens,vous n'avez rien. Prenez une personne qui voit une affiche du Takatol, elle en parle dans le café, et quelqu'un lui dit "a5tak ya weldi rahom jme3a koffar, tab3in ezzine, 3arfhom ma5ou weld Bent 3am wa7ed mil trabelsiya" etc. Qui ira vérifier?
Cessons de crier au loup entre nous, de poster des caricatures et des articles comme celui-ci en croyant que nous sommes entrain de militer et que nous n'avons pas à avoir peur. Les choses ne se jouent pas aujourd'hui mais sur les années à venir.
Je suis en colère contre les partis politiques qui sont entrain de tirer le drap chacun de son coté et ont tous oublié bien vite que la priorité ce ne sont pas les élections, la priorité c'est le Tunisien. Le PDP qui veut faire cavalier seul, Chebbi qui risque de regretter bien fort de pêcher par excès de confiance; Marzouki qui vend son âme au diable;ils font tous les choux gras de Nahdha et participent à asseoir sa notoriété.
Je cherche depuis le 14 janvier auprès de quel parti je vais m'engager, je veux agir. Aucun parti ne me semble convaincant, aucun ne me semble se soucier tellement du pays. Je ne suis pas naïve, je sais bien qu'en politique on ne pense qu'au pouvoir. Mais nous vivons des moments exceptionnels, le monde nous regarde. Nous allons devenir un exemple, ne devenons pas le mauvais exemple.
Aux apprentis politiciens, pour l'amour de la Tunisie ne tentez pas de conquérir le pouvoir maintenant, faites votre apprentissage de la politique dans les années à venir. Si vous continuez comme cela, vous redeviendrez bien vite une opposition de l'ombre à l'ombre des islamistes. Et pourtant nous les savons, le tunisien est un bon vivant, le tunisien n'est pas fait pour vivre dans un système islamiste. Mais nous le savons aussi, le tunisien est paradoxal et il est toujours à la poursuite de son intérêt. Peu importe la vérité pour lui, il n'aime que la vérité qui l'arrange et cette vérité là, les innombrables militants de Nahdha est entrain de la construire jour après jour et ils ont du souffle ces gens-là car leur amour du pouvoir est plus grand que leur amour pour Dieu.
Et je vais finir sur une note par très classe et j'assume.
On était tenus par une hajjema et maintenant les politiciens yet3almou fil 7jema fi rouss il ytema. Brabbi changez de modèle. Yezzina mil 7jema, apprenez à aimer et à servir un pays.
Et le reste est littérature.
mercredi 20 juillet 2011
lundi 6 juin 2011
Des camps et des visages.
Liberté d'expression.
de gueuler, d'insulter, de brailler, de diffamer, d'incendier,
Liberté de culte
liberté de réprimer, de couper, de tuer, de menacer, de censurer,
Liberté d'expression, liberté de culte
Expression de liberté
Expression de culte
qui vous bouffe, vous étouffe, inculte, occulte.
Avant on disait, "chut, ne parle pas de Ben Ali, on pourrait t'enfermer, te torturer!"; maintenant c'est "chut, ne parle pas des islamistes, ils pourraient t'attaquer, te vitrioler, t'agresser, te ficher"
La peur n'a pas changé de camp en Tunisie, elle a changé de visage.
Et le reste est littérature.
de gueuler, d'insulter, de brailler, de diffamer, d'incendier,
Liberté de culte
liberté de réprimer, de couper, de tuer, de menacer, de censurer,
Liberté d'expression, liberté de culte
Expression de liberté
Expression de culte
qui vous bouffe, vous étouffe, inculte, occulte.
Avant on disait, "chut, ne parle pas de Ben Ali, on pourrait t'enfermer, te torturer!"; maintenant c'est "chut, ne parle pas des islamistes, ils pourraient t'attaquer, te vitrioler, t'agresser, te ficher"
La peur n'a pas changé de camp en Tunisie, elle a changé de visage.
Et le reste est littérature.
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