samedi 3 décembre 2011

Quand ça barde au Bardo

Bonnet noir sur la tête, baskets aux pieds, bombe lacrymo, visage crispé, une horde de voyous en face scandant des slogans haineux.
Non je ne suis pas devenue policière, je suis juste une parmi des centaines, une nuit de semaine au sit in devant l'Assemblée au Bardo.
L'inquiétude, la rage et la colère. Le désespoir, l'impuissance, l'effarement. L'angoisse, la volonté, la détermination.
Ce n'est pas une guerre, ni une bataille, à peine quelque cent cinquante adolescents éméchés dont "on" a payé la caisse de bière de l'après prière du vendredi. Des gamins qui confondent foot et politique, rue et stade et dont les commandeurs et commanditaires se jouent à coups de paquets de cigarettes, d'herbe, de sandwichs.
La Bardo, l'Assemblée. Ce bâtiment devant lequel nous passions indifférents, qui était invisible et qui devient emblématique soudain, comme surgissant dans l'espace en un temps miraculeux.
L'ignorance, la haine, la médiocrité nous encerclent et nous nous y enfonçons comme des sables mouvants.
Des slogans de haine contre ceux qui crient famine, justice, dignité.

Nous sommes un pays où les démocrates de gauche se rallient à l'extrême droite.
Nous sommes un pays où les militants contre une ancienne dictature en cautionnent une nouvelle pourvu qu'elle soit la leur.

Ces mots de Hugo sont les vers de poésie préférés de Bourguiba:

 Si l'on n'est plus que mille, eh ben, j'en suis! Si même
 Ils ne sont plus que cent, je brave encore Sylla;
 S'il en demeure dix, je serai le dixième,
 Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là!

S'il n'en reste qu'un, nous serons tous celui-là.

Et le reste est littérature.

1 commentaire: